Aujourd’hui, j’ai envie de te parler d’un sujet qui concerne pratiquement tous les profs, que tu sois au début de ta carrière ou que tu enseignes depuis des années. On va discuter de gestion de classe, et plus précisément de trois erreurs que, soyons honnêtes, nous faisons presque toutes… parfois sans même nous en rendre compte. Et devine quoi ? Moi aussi, j’ai fait ces erreurs pendant longtemps, et je les fais encore de temps en temps si je ne suis pas totalement attentive à mon attitude.
Rassure-toi tout de suite : ces erreurs, elles sont normales et presque inévitables quand on commence. Et pour certaines, on continue à les faire pendant des années, simplement parce qu’on ne réalise pas toujours leur impact. Parce qu’il faut dire les choses comme elles sont : on ne nous enseigne pas tout ça en formation ! Du coup, on se retrouve à reproduire des comportements qui, au lieu d’améliorer la gestion de classe, encouragent parfois le comportement contraire de celui qu’on veut voir chez nos élèves. Par exemple, on cherche à obtenir le silence… et sans le savoir, on finit par provoquer encore plus de bruit.
Le plus important ici, c’est de savoir qu’il suffit de petits ajustements pour améliorer ta gestion de classe. Il n’est pas question de révolutionner ta manière d’enseigner, mais plutôt de prendre conscience de certains comportements et de les modifier légèrement. On va voir comment changer ton approche pour éviter ce bruit constant et cette agitation qui peuvent rendre tes journées épuisantes.
Ce qu’il faut réaliser, c’est que notre comportement, en tant qu’enseignante, compte souvent bien plus que ce qu’on dit à nos élèves. Tu as peut-être déjà remarqué qu’en classe, il y a un décalage entre ce que tu demandes et ce que tu obtiens, non ? C’est tout simplement parce que, pour tes élèves, ce que tu modèles est plus important que ce que tu dis. Et c’est ça qui va être le point commun des trois erreurs dont je vais te parler aujourd’hui.
Ce sont des erreurs simples à corriger, et une fois que tu en seras consciente, tu pourras ajuster ton attitude sans difficulté. Tu verras, avec quelques petits changements dans ta façon de faire, tu obtiendras une classe plus calme, plus concentrée, et tu te sentiras plus sereine dans ta gestion quotidienne.
Prête à découvrir ces erreurs ? Je suis sûre que tu vas te reconnaître dans au moins une d’entre elles, et je te garantis que si tu les corriges, ta classe changera radicalement !
Le cerveau, câblé pour imiter le non-verbal
Avant de plonger dans le vif du sujet, parlons un peu du fonctionnement du cerveau. Ce qu’il faut savoir, c’est que le cerveau humain est extrêmement réceptif aux signaux non verbaux. Des études en neurosciences montrent que lorsque nous observons quelqu’un, nous sommes beaucoup plus influencés par ce que nous voyons que par ce que nous entendons. En d’autres termes, ton comportement et ton langage corporel vont parler bien plus fort que tes mots.
Pour te donner un exemple, si quelqu’un te dit qu’il va bien, mais que tout dans son langage corporel te montre le contraire, que tu le vois en train de pleurer, recroquevillé sur lui-même, est-ce que tu vas croire qu’il va bien ? Probablement pas, car ton cerveau donne naturellement la priorité aux signaux non verbaux envoyés par cette personne, et pas aux signaux verbaux. En d’autres termes : tu vas naturellement croire ce que tu vois plutôt que ce qu’on te dit, si les deux messages ne sont pas cohérents l’un avec l’autre.
Cela s’explique par un phénomène appelé les neurones miroirs. Ces neurones, situés dans notre cerveau, s'activent quand nous observons une action chez quelqu’un d’autre, de manière quasi automatique. Ils jouent un rôle essentiel dans l’imitation et l’apprentissage, et sont responsables du fait que nous avons tendance à reproduire ce que nous voyons. C’est pour ça qu’il est si important de modéliser le comportement que tu veux voir chez tes élèves. Si tu cherches à calmer la classe mais que, dans la même seconde, tu montes la voix ou que tu te mets à t’agiter, tu envoies un signal contradictoire. Leur cerveau capte ton énergie élevée et l’imite, même si tes mots disent exactement l’inverse.
D’ailleurs, des recherches montrent que plus de 70 % de la communication humaine passe par le non-verbal. Cela signifie que les élèves vont principalement se baser sur ta posture, ton expression faciale, ton ton de voix et tes gestes pour comprendre ce que tu attends d’eux. Donc, si tu veux que ta classe se calme, c’est à toi de modéliser ce calme : épaules détendues, respiration lente, posture stable et silencieuse. Le cerveau des élèves captera cette énergie tranquille et aura tendance à la reproduire. C’est bien plus efficace que de simplement leur demander de se calmer tout en étant toi-même agitée.
Alors, tu vois, ce n’est pas juste une question de "dire les bonnes choses" en classe. C’est vraiment ton comportement global qui façonne l’attitude de tes élèves. C’est pourquoi, tout au long de cet épisode, on va voir comment ajuster non seulement ce que tu dis, mais aussi comment tu le dis, et surtout comment tu te comportes.
Erreur n°1 : Monter la voix pour obtenir le silence
Alors, on commence avec une erreur super classique que tu fais sûrement, et moi aussi je l’ai faite pendant des années. Quand toute la classe est bruyante, et que tu as besoin de leur attention, quelle est ta première réaction ? Tu montes la voix pour essayer de te faire entendre, non ? Ça paraît logique : tout le monde parle fort, donc tu penses qu’il faut que tu parles encore plus fort pour obtenir leur attention. Mais… c’est justement l’inverse de ce qu’il faudrait faire !
Le problème ici, c’est que tu modèles exactement ce que tu veux éviter. En élevant la voix pour obtenir du calme, tu montres aux élèves que pour attirer l’attention, il faut faire du bruit. Comme je l’ai expliqué tout à l’heure, notre cerveau est câblé pour imiter ce qu’il voit plutôt que ce qu’il entend. Donc si tu cherches à calmer la classe en augmentant ton volume sonore, ce que tes élèves retiennent, c’est que le niveau sonore élevé est la norme. Ils finissent par reproduire ce comportement sans même s’en rendre compte.
Alors, comment faire autrement pour avoir leur attention sans encourager le bruit ? La clé, c’est d’utiliser ta voix de façon brève et intentionnelle, et ensuite… d'attendre. Par exemple, tu peux lever la voix très brièvement juste pour marquer le début de ton intervention, mais ensuite, tu fais une pause et tu attends que le niveau sonore descende de lui-même. Et c’est là que tout se joue : comment tu attends fait toute la différence.
Ta posture doit incarner le calme que tu veux voir chez tes élèves. Tes épaules doivent être détendues, tes mouvements lents et ton regard stable ; ta posture complète envoie un signal puissant. Ne t’agite pas, ne te balance pas d’un pied à l’autre, et surtout, ne laisse pas ton irritation transparaître. Plus tu modélises le calme et la patience, plus tes élèves s’ajusteront à cette énergie.
Alors oui, au début, tu risques d’avoir l’impression que ça prend des heures avant que la classe ne se calme. Mais je te promets, plus tu le fais, plus ça devient naturel, et plus tes élèves vont intégrer ce signal. Il faut un peu de temps pour entraîner tes élèves à ce changement de comportement, mais l’idée, c’est qu’ils associent ta posture calme à une baisse d’énergie, et qu’ils finissent par imiter ton comportement sans que tu aies besoin de hausser le ton. Patience et persévérance sont tes meilleurs alliés ici !
Pour que ce soit encore plus simple et pour éviter de lever la voix, même une seconde, tu peux aussi trouver un autre signal sonore pour reprendre l’attention de tes élèves ; tu peux utiliser une clochette, tu peux taper dans tes mains trois fois, tu peux utiliser une sonnerie… C’est encore mieux car tu ne dois pas du tout hausser le ton, monter ton énergie, et ce sera d’autant plus facile pour toi de rester calme et sur une énergie basse.
Erreur n°2 : Parler fort pendant les moments de calme
Celle-ci, on la fait toutes, souvent sans même s’en rendre compte. Imaginons que tes élèves sont enfin concentrés, ils travaillent calmement en groupes ou individuellement. Mais là, tu as besoin de parler à un élève en particulier. Que fais-tu ? Parfois, sans réfléchir, tu vas directement à son bureau et tu lui parles… fort. Ou alors, tu te rends compte que tu dois donner des instructions à un groupe d’élèves, ou même à toute la classe, et tu le fais en élevant la voix pour que tout le monde t’entende.
Le problème, c’est que ce simple geste peut totalement casser l’ambiance de calme que tu avais enfin réussi à installer. Pourquoi? Parce que, comme je l’ai déjà dit, les élèves imitent le comportement qu’on modèle devant eux.
Si tu leur parles fort alors qu’ils sont censés travailler en silence, tu leur envoies, inconsciemment, le message que c’est ok de parler fort aussi. Et là, tout l’effort pour maintenir une classe calme tombe à l’eau.
C’est quelque chose qu’on voit d’ailleurs souvent dans les réunions entre profs. Une personne parle à voix basse, puis quelqu’un d’autre commence à parler un peu plus fort… et d’un coup, tout le monde finit par parler trop fort, même si on avait convenu de travailler en silence. C’est naturel : si nous, adultes, avons du mal à garder notre voix basse dans ce genre de situation, imagine à quel point c’est encore plus difficile pour des élèves dont le cerveau est en plein développement !
Donc, quand tu veux parler à un élève ou à un petit groupe, baisse le ton. Adapte ta voix au calme ambiant. Si tu te surprends à parler trop fort, rappelle-toi que tu es en train de modéliser le comportement que tu veux voir chez eux. En restant dans le même registre sonore qu’eux, tu leur montres que le calme est la norme, même dans une conversation à deux ou en petit groupe. Ça demande un peu d'effort au début, mais les résultats sont impressionnants.
Si les élèves n’arrivent pas à parler aussi doucement, montre-leur comment chuchoter pour qu’ils arrivent eux aussi à adopter le comportement voulu. C’est tout bête, mais peut-être qu’ils n’ont réellement jamais appris comment faire pour chuchoter… Pour les aider, demande-leur de poser une main sur leur gorge et de dire quelques mots normalement. Tu peux le faire toi aussi maintenant, pour bien ancrer cet exercice. Tu dis quelques mots avec ta voix normale, et tu vas sentir des vibrations dans ta gorge. Chuchoter, c’est parler sans sentir de vibration. L’élève peut alors prendre un court moment pour réaliser ce qu’on attend de lui ; il peut parler, mais aucune vibration ne doit se faire dans sa gorge. Si tu entraînes tes élèves à chuchoter, un simple rappel non verbal, en mettant ta main sur ta gorge, peut suffire à leur signaler ce que tu attends d’eux s’ils parlent trop fort. Encore une astuce que j’aurais voulu connaître plus tôt !
Erreur n°3 : Donner des instructions pendant une distribution
Cette erreur, on la fait tellement souvent qu’on ne s’en rend même plus compte. Imagine : tu as une pile de documents à distribuer et tu veux gagner du temps, alors tu commences à les distribuer tout en expliquant ce qu’il faut faire. Ou tu donnes la pile de feuilles à l’élève devant toi et tu lui demandes de faire passer pour que tout le monde prenne une feuille. Ça semble efficace, mais en réalité, c’est une grosse source de distraction pour tes élèves.
Pourquoi ? Parce que leur attention est divisée. Si tu leur donnes quelque chose à regarder ou à manipuler pendant que tu parles, ils ne peuvent pas être pleinement concentrés sur toi. Leur cerveau est attiré par la nouveauté, par ce document qu’ils viennent de recevoir, et même si tu expliques quelque chose d'important, leur attention sera ailleurs.
Alors, la prochaine fois que tu dois donner des instructions, attends d’abord que tout le monde t’écoute attentivement, donne toutes tes instructions et assure-toi que les élèves les ont comprises, par exemple en demandant à un élève de réexpliquer ce qu’il faudra faire, et seulement après tu commences à distribuer les documents.
Je sais, tu te dis peut-être que tu n’as pas le temps, que c’est plus rapide de faire les deux en même temps… Mais crois-moi, tu vas passer beaucoup plus de temps à récupérer leur attention et à répéter tes consignes, parce qu’ils n’auront pas écouté. En prenant quelques minutes pour d’abord donner tes explications, puis distribuer les documents, tu gagneras énormément en efficacité et en calme.
Il ne s’agit pas seulement de ne pas perturber leur attention. En fait, en distribuant des documents tout en parlant, tu modèles un comportement contradictoire, encore une fois. Tu leur dis : "Concentrez-vous sur moi", mais en même temps, tu leur donnes un objet qui attire leur attention ailleurs. Et comme je l’ai mentionné plus tôt, le non-verbal est toujours plus puissant que le verbal. Donc, prends l’habitude de séparer ces deux actions : d’abord, donne les consignes, puis distribue le matériel.
Voilà pour ces trois erreurs classiques qu’on fait toutes en gestion de classe. Ce qui est encourageant, c’est que ces erreurs sont faciles à corriger une fois que tu en es consciente. Prends le temps de réfléchir à ce que tu modèles vraiment en classe, et souviens-toi que tes attentes ne passent pas seulement par les règles que tu énonces, mais aussi par tout ce que tu fais, verbalement et non verbalement.
Si tu te reconnais dans ces erreurs, sache que tu n’es pas seule ! La plupart des profs font ces mêmes erreurs, moi y compris. Mais la bonne nouvelle, c’est que tu as le pouvoir de changer ces petits comportements et d’apporter plus de calme et de concentration dans ta classe.
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