5 stratégies pour gagner du temps durant la semaine

Si tu débutes dans le métier d’enseignant, tu vas bien vite te rendre compte qu’on travaille beaucoup plus que les 20 heures que l’on passe devant ses élèves (si tu as un temps plein) – beaucoup, beaucoup plus. Surtout durant les premières années, où tu es encore en pleine découverte du métier, du fonctionnement de ton école, de tes collègues, et qu’en plus de tout ça, tu dois préparer des cours.


Ton temps va rapidement disparaitre tu ne sais pas où, et c’est souvent ce qui fait craquer bon nombre de nouveaux enseignants. Tu as sûrement déjà entendu qu’un nouvel enseignant sur cinq quitte l’enseignement dès sa première année !


Pour ne pas faire partie de ces 20% d’abandon, je te donne ici 5 façons de gagner un temps précieux durant ta semaine, pour conserver du temps libre et diminuer ton temps de travail !



Stratégie n°1 : Prévoir tes heures de travail et ne pas déborder


Ton job de prof, il te paie pour 38 heures sur la semaine. Ça veut dire que tu assures tes 20 heures devant tes élèves, et qu’il te reste encore 18 heures de travail payé, pour faire tes préparations, tes corrections, ta communication, tes réunions, etc… Il est donc tout à fait normal de travailler en dehors des périodes de classe.


Mais il est très important de ne pas tomber dans l’excès ! En moyenne, on peut dire qu’on travaille autant hors de la classe que dans la classe, mais ce temps de travail devrait pouvoir être contenu dans des horaires de travail “normaux”, comme n’importe quel fonctionnaire. En arrondissant, si on travaille 5 jours par semaine, on devrait pouvoir tout à fait s’en sortir avec 8 heures de travail par jour (donc 5 x 8 = 40 heures, je suis même généreuse pour le coup). Tu peux donc ainsi garder tes week-ends et soirées libres !


Pour y arriver, je vais t’inviter à te programmer des heures de travail fixes toutes les semaines, voir tous les jours, et de t’interdire de travailler en dehors de ces heures (et en contrepartie, de respecter tes heures de travail et de bosser efficacement quand il faut !).


Par exemple, imaginons que tu commences à travailler à 8h tous les matins, du lundi au vendredi. En comptant une heure de pause à midi, et disons 15 minutes de pause le matin, et 15 minutes de pause l’après-midi, tes 8 heures de travail sur la journée se clôturent à 17h30, tous les jours.


Tes heures de présence dans tes classes sont comptabilisées, a priori quel que soit ton horaire (si ce n’est pas le cas, tu décales évidemment tes heures pour que ça colle avec ton emploi du temps). Cela veut donc dire qu’à 17h30, tu es libre de rentrer chez toi sans plus devoir penser à l’école !


Pour y arriver, je te propose d’essayer de travailler un maximum à l’école. Si tu as ta propre classe, c’est parfait, toutes tes affaires peuvent y rester, et dès la moindre heure de fourche, au boulot ! Si, comme moi, tu n’as pas de local attitré, il va falloir mener ta petite enquête pour trouver un endroit calme dans ton école où tu puisses t’installer pour travailler.


Attention, la salle des profs n’est probablement pas le meilleur endroit pour travailler ; beaucoup de profs y défilent, papotent, se plaignent des élèves et vont venir s’installer près de toi et te distraire. Essaie si possible de trouver une salle de classe, ou une salle de travail vide.


En tant que prof de science, tu pourrais avoir la chance d’avoir accès à un laboratoire qui n’est pas utilisé ; c’est aussi une bonne possibilité pour se retrouver seul. Si ce n’est pas faisable dans ton école, un casque pour t’isoler peut t’aider à rester concentré et à montrer à tes collègues que tu n’as pas envie d’être dérangé.


Stratégie n°2 : Ne corriger que la moitié de ce que tu imagines devoir corriger


Les corrections… c’est probablement LE gros point noir pour beaucoup d’enseignants ! Même en avançant dans le métier, on ne pourra jamais y échapper. Autant les préparations peuvent devenir plus simples à faire et moins chronophages, autant les corrections resteront à vie avec nous. C’est donc un point fondamental à considérer pour survivre dans ce métier !


Tu as peut-être l’impression qu’il faut que tu corriges plein de choses : les contrôles, les travaux à domicile, les rapports de labo, les recherches, etc… Pour ne pas finir noyé sous les corrections, j’ai une proposition surprenante à te faire : pense à tous ce que tu comptes corriger cette année, et réduit cette quantité de moitié.


On corrige souvent beaucoup plus que nécessaire, sans que cela soit toujours réellement utile pour les élèves. Il est super important de donner un feedback aux élèves pour qu’ils puissent se positionner face à leurs apprentissages, mais une correction détaillée faite par nous-mêmes n’est pas toujours nécessaire. Je détaillerai dans une futur article comment je m’y prends pour réduire drastiquement mes corrections, mais voici déjà quelques pistes pour commencer :

  • Ne pas relever tous les travaux ou devoirs que l’on donne aux élèves, mais simplement vérifier qu’ils ont réalisé le travail.
  • Donner moins de travaux à domicile, voire pas du tout ; élimination totale des corrections de travaux avec cette méthode !
  • Ne relever que certains rapports de laboratoire dans la classe, au hasard. Tu corrigeras les rapports des autres élèves lors d’un prochain labo !
  • Ne corriger qu’une section du rapport de laboratoire, typiquement lorsque les élèves ont déjà l’habitude d’écrire des rapports.
  • Faire moins d’évaluations sommatives et privilégier les évaluations formatives. Une évaluation formative peut beaucoup plus facilement être corrigée par l’élève lui-même, par les pairs, ou en commun avec le groupe classe. Des petites évaluations formatives régulières (je t’en parle dans un autre article sur les micro-tests) peuvent également être corrigées par le prof directement durant l’heure de cours (si si, promis !).et

Pour mettre en place tout cela efficacement, il ne faut pas forcément prévenir les élèves à l’avance ! Ils doivent toujours s’attendre à ce que le travail puisse être entièrement corrigé pour qu’ils le réalisent avec soin.


Tu peux donc tout à fait changer de stratégie en milieu d’année pour te soulager, si tu n’as pas appliqué cette méthode dès la rentrée.

Ce que tu dois retenir, c’est qu’il vaut mieux corriger moins, mais avec de la qualité, que de corriger trop mais de ne plus fournir de feedback intéressant pour les élèves.


Stratégie n°3 : Batcher tes préparations de cours


L’autre partie du travail en dehors des heures de cours qui prends le plus de temps, c’est évidemment la préparation des cours. Pour s’en sortir, il faut donc prévoir dès le départ (et pour moi, ça commence dès l’été pour ne pas s’effondrer pendant l’année !) un plan d’action pour être dans les temps.


Mon conseil : batche tes préparations. Je ne trouve pas d’équivalent français à ce super mot, mais si tu ne sais pas ce que ça veut dire, c’est, en gros, répéter la même action beaucoup de fois d’affilée en un temps court, afin d’améliorer ton efficacité pour cette action (je suis ouverte à une plus jolie définition si tu as…).


Batcher ses préparations, cela veut donc dire prévoir plusieurs heures, voire plusieurs jours d’affilée, et de ne faire QUE tes préparations. Tu mets toutes tes distractions de côté, tu mets ton smartphone en mode avion, tu envoies bouler tes colocs/ton conjoint/tes enfants, tu te réserves du temps juste pour toi, et tu te plonges dans le travail.


Dans l’idéal, ta planification sur l’année devrait être réalisée pour chacun de tes cours avant la rentrée. Et tes cours devraient tous être prêts pour au moins un mois, voir jusqu’aux prochaines vacances pour être plus à l’aise. Et comme désormais on va tous avoir des blocs de deux semaines de vacances, il te suffit de bloquer deux ou trois jours durant tes vacances pour refaire la même chose pour le prochain bloc de 6 semaines de cours jusqu’aux prochaines vacances. Etc, à recommencer à chaque nouvelle période.


Si tu es contre l’idée de travailler pendant les vacances, je vais quand même t’encourager à “perdre” quelques jours de tes vacances pour conserver du temps libre et des loisirs durant l’année, surtout lorsque tu commences à enseigner. On fait beaucoup plus en trois jours d’affilée durant des vacances qu’en accumulant quelques heures par-ci par-là le soir ou le week-end, crois-moi !


Si tu es perdu face à la quantité de travail à faire, je t’expliquerai dans un autre article comment je procède, quelle est ma méthode pour faire mes préparations et être toujours prête bien à temps (car oui, maintenant j’ai toujours mes prépas terminées à l’avance, mais ça n’a pas toujours été le cas !).


Stratégie n°4 : Répartir le travail entre toi et tes collègues


Si tu as la chance de travailler dans une école où vous êtes plusieurs profs de sciences, et encore mieux, plusieurs profs de ta discipline particulière (chimie, physique, biologie), rien ne vaut la collaboration et la division du travail !


Il y a de fortes chances pour que vous soyez plusieurs profs à donner le même cours, il est donc très intéressant de se réunir et de se répartir le travail de préparation. Par exemple, dans mon école, je donne parfois un cours de sciences de base où je dois enseigner de la chimie, de la physique et de la biologie. Souvent, un autre prof donne ce cours-là également ; je vais donc me reposer sur les capacités de ce professeur pour la préparation des chapitres de biologie, si c’est un biologiste, ou de physique, si c’est un physicien. En contrepartie, je m’occupe des chapitres de chimie puisque je suis chimiste, et je les partage avec eux.


Je pense que nous sommes une branche particulière du métier de professeur où l’on doit (parfois) enseigner une matière où l’on n’est pas spécialiste. Il ne faut donc surtout pas se sentir honteux de demander de l’aide à un collègue spécialiste de la matière ! Je suis toujours contente d’expliquer certaines notions de chimie à mes collègues non-chimistes, car c’est du gagnant-gagnant ! Lorsque j’aurai des questions de biologie, je sais que je pourrai aller les poser sans crainte, et en plus je m’assure que les élèves apprennent correctement les notions de chimie !


Si tu n’as pas la possibilité de collaborer cette année, pas de panique, il te reste d’autres possibilités ! Le cours que tu donnes cette année, il a déjà été donné des centaines de fois auparavant ; il te faut juste trouver quelqu’un qui l’a déjà fait. Tu peux te renseigner directement dans ton école, mais de nos jours la technologie te permet de te renseigner partout à travers le monde !


Il y a donc forcément des préparations de cours qui existent quelque part, il ne te reste qu’à demander d’y avoir accès ! Les groupes Facebook de partage entre enseignants sont très fournis et tu pourras y trouver plein de partages gratuits ; il faut juste prendre le temps de chercher.


Et si tu n’as pas de gentil collègue, il existe de toute façon des manuels qui reprennent des idées d’activités à réaliser pour beaucoup de programmes. Ce n’est probablement pas la première source que je conseillerais, mais c’est une bonne inspiration quand on débute ou qu’on n’a pas beaucoup d’idée ou de temps.


Stratégie n°5 : Prévoir des activités sans préparation en back-up


Une dernière idée à garder dans un coin de sa mémoire : il est tout à fait possible de donner cours en n’ayant (presque) rien à préparer, de temps en temps.


C’est une solution à garder sous le coude pour le jour où on doit être devant ses élèves, mais qu’on a eu un empêchement de dernière minute qui ne nous a pas permis de faire nos copies, ou de terminer notre préparation à temps, ou simplement parce qu’il y a eu un quelconque souci d’organisation à l’école et qu’on doit vite rebondir et assurer en classe. En plus, la majorité des activités que l’on ne doit pas préparer permettent de rendre les élèves actifs dans leurs apprentissages, donc petit bonus au passage !


Voici quelques idées d’activités que tu peux proposer à tes élèves, pour la majorité des chapitres, et qui ne te demandent pas grand-chose :


  • Faire faire une recherche aux élèves, sur leur smartphone, ou sur les tablettes de l’école, ou en salle informatique, en fonction du matériel disponible.
  • Construire un modèle sur une ou plusieurs notions déjà vues. Un modèle, c’est une représentation de quelque chose, et ça peut se retrouver sous plein de formes différentes, que tu peux imposer ou laisser au libre choix de l’élève. Par exemple : fabriquer un modèle en 3D, faire une carte conceptuelle, faire un panneau, faire une maquette, etc…
  • Regarder une vidéo. A ne pas faire tout le temps évidemment, mais si un jour tu es trop fatiguée ou que tu sais que ta journée va être épuisante car tu auras déjà fait trois laboratoires avec tes classes précédentes, c’est toujours une bonne option, et les élèves adorent ! N’oublie pas de leur demander de faire une prise de note ou de répondre à quelques questions pour les maintenir plus actifs.
  • Jouer à un jeu : les élèves adorent aussi, ça change de d’habitude et ça peut être très simplement mis en place ! Exemple le plus facile : reprendre le principe de “Time’s Up”, où l’on doit retrouver des mots, et y mettre des mots des derniers chapitres ou des derniers cours ! Si tu as un peu de temps, tu peux écrire toi-même des mots sur des bouts de papier, mais tu peux également demander directement aux élèves de créer ces bouts de papier et d’y mettre eux-mêmes les différents mots de vocabulaire vu durant le cours.


Avec toutes ces idées, j’espère que tu en trouveras suffisamment pour réduire ton temps de travail et apprécier ton job encore plus ! Dis-moi en commentaire si tu as essayé certaines techniques et ce que tu en penses, partage tes idées pour compléter cette liste et n’hésite pas à me poser des questions si tu en as !

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