Tu es prof et tu passes trop de temps à corriger ? Tu n’es pas seule !
Cette situation est malheureusement partagée par la très grande majorité des profs, mais tu vas voir que c’est une situation sur laquelle tu peux tout à fait agir. Dans cet épisode, je vais te partager 7 conseils pour réduire drastiquement ton temps de correction afin de te libérer du temps pour toi, et pour que ton travail soit plus efficace pour l’apprentissage de tes élèves.
Revenons tout d’abord sur le but premier de l’évaluation : on évalue pour mesurer la progression des élèves et pour favoriser leur apprentissage. Nos corrections devraient donc être utilisées dans ce but-là. Si ce n’est pas le cas, alors c’est que le temps passé à corriger n’est pas utilisé de la meilleure manière. Il faudrait donc se poser la question, pour chaque correction que l’on fait : est-ce que cette correction est bénéfique pour l’apprentissage de mes élèves ? Si la réponse est non, alors peut-être qu’il ne faudrait pas corriger…
Aujourd’hui je vais donc te proposer 7 pistes pour diminuer ton temps de correction, que ce soit en corrigeant moins de choses ou en corrigeant de façon plus efficace.
1.Réaliser des micro-tests
Si tu me suis depuis un moment, tu sais que j’utilise des micro-tests au début de chaque cours. C’est mon point de départ pour me simplifier la vie à l’école. Ces évaluations régulières me permettent d’avoir énormément de feedback à fournir aux élèves, mais également d’avoir des notes de façon régulière ; impossible de finir une période sans notes et d’être démunie quand le bulletin arrive ! Corriger ces micro-tests ne me prend pas plus de 5 minutes par cours, que j’essaie tout le temps de trouver au sein-même du cours. En faisant attention, tu vas voir à quel point tu peux trouver quelques minutes de temps mort dans la majorité de tes cours :
- Les élèves ont besoin de temps pour recopier ce que tu écris au tableau ;
- Les élèves changent d’organisation en classe, pour passer d’un travail individuel à un travail de groupe ;
- Les élèves doivent aller chercher du matériel de laboratoire dans une armoire ;
- Les élèves travaillent en autonomie sur des exercices ;
- Les élèves réfléchissent seuls pendant une minute ou deux sur une question qu’on leur a posée, ou y réfléchissent avec un voisin avant une mise en commun.
- Etc.
Je me mets à penser à inclure ce genre de moment au sein de tous mes cours justement pour me laisser du temps de correction, et ça permet aux cours d’être moins monotones, puisqu’ils imposent des changements de rythme ou du travail actif, puisque c’est l’élève qui doit réaliser lui-même quelque chose. Tous ces moments peuvent être mis à profit pour réaliser la correction de ces micro-tests, afin de leur rendre durant le même cours. Et lorsque les élèves comprennent que tu as besoin de ces 5 minutes pour qu’ils aient leur copie rapidement, tu peux leur expliquer que là, tu n’es pas disponible pour répondre à leurs questions pendant quelques minutes car tu corriges leurs évaluations. J’essaie d’éviter de faire ça en tout début d’année, mais après quelques semaines où ils reçoivent leurs évaluation le jour-même, ils seront probablement très compréhensifs et te laisseront le temps nécessaire à tes corrections. C’est en tout cas ce que j’ai observé avec mes élèves.
D’expérience, c’est une pratique simple à mettre en place lorsque tu as des petits groupes d’élèves, mais qui est plus challengeante avec des grandes classes, surtout si les élèves sont peu autonomes. Tu gagneras donc à mettre en place des pratiques favorisant l’autonomie, et il te faudra vraiment penser à insérer une activité à réaliser en autonomie dans chaque période de cours où tu réalises un micro-test
2. Planifier les grosses évaluations
En dehors de ces micro-tests, il reste beaucoup de choses plus conséquentes à évaluer : les évaluations de fin de chapitre, les devoirs ou encore les rapports de laboratoire. Pour gérer tout cela, ma clé est l’organisation. Dès que possible, je planifie mes semaines pour avoir au maximum une grosse pile de corrections par semaine. Il faut bien sûr s’organiser bien à l’avance pour y arriver, et ne plus se sentir dépendant des deadlines que nous impose l’école (le bulletin arrive, je dois faire des évaluations !!). Avec une bonne organisation, on ne se retrouve pas la semaine avant les bulletins avec une pile de corrections par classe, et avec des nuits blanches ou un week-end de corrections à venir. Mais ça se planifie à l’avance, en réfléchissant à son timing pour l’année dès la rentrée. C’est évidemment plus facile quand on a moins de classes. Si tu enseignes à 10 classes différentes, tu devras forcément corriger plusieurs travaux sur la même semaine. Mais l’idée est de répartir de la façon la plus homogène possible tes corrections au sein de l’année.
Un autre point auquel je réfléchis maintenant beaucoup plus lorsque j’écris une évaluation, c’est la facilité avec laquelle je pourrai corriger et donner un feedback clair et simple aux élèves. Plus les questions sont précises, plus il sera facile de vérifier si la réponse est correcte. Plus la consigne est claire, et plus on a de chance que l’élève comprenne parfaitement ce qu’on attend de lui, et donc qu’il fournisse pile poil la réponse attendue. La présentation visuelle des questions et de l’endroit où doit être indiquée la réponse peut également faire gagner du temps lors de la correction : j’aime faire compléter des tableaux où il est très facile et rapide pour moi de vérifier si les valeurs dans chaque case sont correctes, alors que la même question mais posée sous une autre forme aurait mené l’élève à répondre de façon plus désordonnée sur une feuille où j’aurais eu à chercher où se trouve la réponse finale. Lorsque j’imprime mes évaluations, je laisse toujours une place après la question pour que l’élève indique sa réponse à cet endroit-là, plutôt que de noter toutes les questions les unes à la suite des autres et que l’élève réponde sur une autre feuille. Ce n’est pas très économe en papier, mais mon temps est prioritaire pour moi face à la quantité d’impressions à réaliser. Ce sont tous ces petits détails qui font gagner des secondes précieuses lors de la correction de chaque question, et qui permettent au final d’aller beaucoup plus vite.
3. Corriger question par question
Les évaluations de fin de chapitre restent un moment pas toujours amusant pour nous. Pour aller plus vite et rester plus concentrée, mon astuce est de corriger la même question pour tous les élèves avant de passer à la question suivante. On doit tourner beaucoup de pages, mais au final, on connaît tellement par cœur la réponse à la question que l’on corrige qu’on y gagne du temps. Et on est plus juste dans nos corrections aussi ; comme on passe sans cesse d’une copie à l’autre, on ne sait pas quel est l’élève qui a répondu à la question, et on ne peut pas être influencé par ça (parce que oui, les études ont montré que notre façon de corriger est influencée inconsciemment par le nom écrit sur la copie). Pour faire cela efficacement, il faut y penser dès la conception de l’évaluation ; une question doit être écrite sur une seule page afin de pouvoir facilement être corrigée comme ça. Et en plus, ça aide les élèves qui ont des difficultés d’organisation spatiale (tu sais, les élèves pour lesquels on ne peut pas imprimer des documents en recto/verso).
Si tu enseignes plusieurs fois le même cours dans des classes différentes, tu devras ici faire un choix : soit tu veux minimiser les corrections sur une même semaine, et tu ne fais pas l’évaluation dans tes différentes classes la même semaine (mais alors je te conseille vivement de modifier les questions de ton évaluation, car les élèves sont des champions pour s’échanger les questions d’une éval entre classes), soit tu préfères faire un vrai bon batching et tu enchaînes les évaluations la même semaine (ou, encore mieux, le même jour, si ton horaire le permet). Tu te prévois ensuite un moment en tête-à-tête avec tes piles de copies, et au boulot, on batche les corrections ! N’oublie pas que ton but est de les rendre aux élèves le plus vite possible pour que le feedback ait le plus d’effet sur eux, donc interdiction de laisser trainer des piles de copies sur ton bureau pendant plusieurs jours.
4. Préparer un correctif détaillé
Une autre piste à explorer est de toujours préparer un correctif détaillé avant de donner l’évaluation ou le travail aux élèves. Préparer le correctif à l’avance est pour moi une pratique indispensable pour vérifier la faisabilité de ce qu’on demande aux élèves, et de choisir avant même de lire la moindre copie d’élève ce qui est le plus important, ce qui rapportera le plus de points, et ce qui peut être laissé de côté. Cela permet également de déterminer des critères précis pour l’évaluation : si l’élève a écrit ça, alors je lui mets autant de points, s’il manque ça, je lui enlève autant de points. Ça nous facilite la réflexion au moment de la correction.
Réaliser un correctif détaillé permet aussi de se passer de la correction du professeur pour certaines choses. On peut laisser l’élève s’autocorriger, ou réaliser une correction par les pairs. Je trouve que c’est très intéressant pour les élèves de participer à certaines corrections pour qu'ils comprennent ce processus. Ils peuvent ainsi mieux comprendre avec quelle rigueur ils doivent répondre aux consignes en voyant notre grille de correction. Une alternative possible est de joindre directement la grille de correction à l’évaluation, comme ça l’élève sait tout de suite à quoi faire attention lorsqu’il rédige ses réponses. Par exemple, indiquer “Les unités sont précisées pour chaque réponse finale” ou “Toutes les étapes de calcul sont détaillées” permet aux élèves de savoir que ces points seront évalués. Une telle grille est également utile pour nous faciliter la correction : il suffit alors de cocher ce qui est présent et ce qui ne l’est pas, ce qui permet un feedback précis aux élèves sans que l’on doive écrire 25 fois la même phrase sur chaque copie. Alors ça prend un peu de temps au départ puisqu’il faut construire toutes ces grilles, mais une fois qu’elles sont rédigées, on peut gagner pas mal de temps au moment de la correction.
5. Corriger moins de rapports de laboratoire
Lors des laboratoires, les profs de sciences aiment bien demander des longs rapports de labo. Après tout, c’est une compétence indispensable que doivent acquérir les élèves… et je suis bien d’accord ! Mais il vient un moment où la majorité des élèves ont bien compris comment faire, et où cela peut devenir redondant. Pour te simplifier les corrections, tu peux alors ne corriger que certains rapports sur toute la classe (par exemple ceux des élèves qui n’étaient pas bons la fois précédente), ou ne corriger qu’une seule partie du rapport (toutes les conclusions, et la prochaine fois toutes les observations, etc…). Les élèves doivent toujours être rigoureux pour rédiger l’ensemble du rapport, car ils ne savent pas ce que le prof choisira de corriger cette fois-ci ! Si tes élèves travaillent par binômes, tu peux également reprendre un seul rapport par binôme, sans laisser le choix aux élèves mais en prenant un rapport au hasard et en attribuant les points aux deux élèves du binôme. Après tout, ils ont fait la même expérience et il y a de fortes chances qu’ils aient écrit leur rapport ensemble.
6. Vérifier les devoirs sans les corriger
Pour ce qui est des exercices à réaliser à domicile, mon conseil est de n’évaluer que la réalisation du travail, et pas son exactitude. Cela ne prend presque pas de temps ; durant leur micro-test, tu passes devant chaque élève et tu vérifies que le travail a été réalisé. Pas de temps perdu sur ton cours de cette façon ! Cette technique a des inconvénients évidemment : les élèves peuvent avoir réalisé le travail mais avec plein d’erreurs, ils peuvent simplement recopier ce qu’a fait le voisin, ils peuvent même simplement gribouiller quelques mots ou quelques chiffres, mais cette méthode est principalement là pour toi, pour que tu gardes un équilibre de vie sain et que tu ne te noies pas dans les corrections. Si tu les évalues de toute façon à chaque cours avec des micro-tests, tu seras au courant de leur niveau. S’ils ne jouent pas le jeu, c’est au final dommage pour eux ; ce sont eux qui ne se seront pas suffisamment entraînés pour maîtriser la matière… Une alternative possible est de sélectionner au hasard quelques élèves pour lesquels tu relèves le travail et le corriges pour son exactitude, et de changer d’élève à chaque fois. Si ta classe a besoin de cette motivation supplémentaire pour travailler plus sérieusement, c’est tout à fait faisable !
7. Utiliser des outils de correction automatique
Mon dernier conseil n’est pas applicable pour tout, mais c’est tout de même une possibilité qui devient de plus en plus faisable aujourd’hui. Vivons avec notre temps, et utilisons les outils numériques qui se développent pour les écoles ! Lorsque c’est possible, l’utilisation de quiz numériques auto-corrigés peut faire gagner énormément de temps. Évidemment, ce n’est pas applicable à toutes les évaluations, mais dès qu’il s’agit de la restitution précise d’un savoir, les quiz sont l’outil idéal pour se faciliter la vie. Il existe des dizaines d’outils numériques pour réaliser toutes sortes de quiz, il y en a forcément un qui sera parfait pour toi. Je te présente d’ailleurs les outils que j’utilise dans mes cours dans l’épisode 14 de ce podcast, si tu veux plus de détails. Comme toute nouveauté, cela prend un peu de temps à mettre en place au départ, mais une fois le quiz rédigé, il est facilement réutilisable année après année en quelques clics ! La limite principale ici est que les élèves doivent avoir accès à un outil numérique, mais cela devient de plus en plus courant dans les écoles, et je crois qu’on peut dire qu’il est présent dans pratiquement 100% des ménages à la maison (car oui, on peut également faire des tests à domicile !).
Conclusion
On arrive à la fin de cet épisode, et j’espère que tu auras pu trouver au moins une nouvelle technique que tu vas mettre en place dès maintenant pour diminuer ton temps de correction. Je pense que c’est vraiment primordial que chaque enseignant développe ses techniques pour simplifier ses corrections et qu’elles lui prennent le moins de temps possible car, en plus d’être bénéfique pour nous, c’est également une pratique qui est bénéfique pour les élèves puisque cela veut dire qu’on a plus de temps pour travailler sur d’autres choses, chercher de nouvelles activités, préparer un laboratoire, se former sur de nouvelles pédagogies, ce qui sera bénéfique pour les élèves, et bien sûr les élèves reçoivent un feed-back plus rapide, ce qui fait partie d’une des meilleures stratégies pour améliorer leurs apprentissages.
Si tu as des questions sur certaines des pistes que je t’ai proposées aujourd’hui, n’hésite pas à me joindre sur Instagram @dispense.ta.science, sur Facebook ou par mail, et si jamais tu as d’autres supers techniques pour corriger plus vite, je serais curieuse de les entendre ! À bientôt !
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