Des routines pour améliorer la gestion de classe

Dans l’articlee d’aujourd’hui, on va voir comment la mise en place de routines peut drastiquement nous aider à améliorer notre gestion de classe. L’instauration de routines est efficace, car elle s’appuie sur des mécanismes cognitifs et comportementaux qui sont bien étudiés. De nombreuses recherches valident donc l’intérêt d’établir des routines dans nos classes ; il serait donc bête de s’en passer !

C’est quoi, une routine ?

Les routines, ce sont des pratiques qui ont lieu de façon répétitive et structurée dans notre classe. Quand on utilise des procédures consistantes pour ces routines, ça peut avoir un impact énorme sur le climat de nos classes et permettre à nos élèves de répondre à nos attentes plus facilement.

Des routines peuvent être mises en place dans plein de situations :

• entrer et sortir d’un local ;
• reprendre l’attention de toute une classe ;
• transitionner d’une activité à l’autre ;
• démarrer une leçon ;
• terminer une leçon ;
• aller aux toilettes ;
• réaliser un travail de groupe ;
• faire du travail individuel ;
• donner du feedback ;
• faire passer une évaluation ;
• transmettre des documents aux élèves absents ;

et sûrement encore d’autres situations auxquelles je n’ai pas pensé. Les routines peuvent également être utilisées pour les tâches récurrentes que nous devons réaliser sans être devant nos élèves, par exemple des tâches administratives, de l’organisation à domicile ou encore le traitement des résultats de nos élèves, mais ce n’est pas là-dessus que je vais me focaliser aujourd’hui.

Les routines permettent de rendre nos instructions plus claires et plus explicites pour les élèves, ce qui leur permet de mieux répondre à nos attentes.

Les routines nous soulagent aussi, car les élèves savent ce qu’on attend d’eux, il ne faut donc pas à chaque fois réexpliquer ce qu’on veut qu’ils fassent une fois que la routine est intégrée.

Et bien sûr, les routines permettent aussi de prévenir et réduire les comportements perturbateurs, car elles permettent de diminuer l’inconnu. Les élèves peuvent évoluer dans un environnement qui est consistant et prédictible, ce qui enlève une part de stress de leur journée. Et s’il y a moins de stress, l’amygdale va être moins rapidement appelée pour prendre le contrôle du cerveau. Et donc, les comportements perturbateurs vont être moins présents. Les routines font donc partie intégrante des pratiques à mettre en place pour prévenir plutôt que guérir, et éviter l’apparition d’un comportement perturbateur avant même qu’il ne soit là.

Pour mettre en place une routine, il faut être d’accord pour y consacrer du temps au départ. C’est normal que tes élèves n’aient pas retenu à 100 % les consignes de ta routine, même après un mois, si tu ne les vois qu’une fois par semaine. À l’inverse, si tu as la chance de voir tes élèves tous les jours, elle sera beaucoup plus rapidement intégrée. L’important, c’est la répétition ; à chaque fois que le moment prévu pour cette routine se présente, prends le temps de répéter les mêmes consignes, encore et encore. Jusqu’à ce que tes élèves les connaissent par cœur et ne se demandent plus du tout ce qui est attendu d’eux. Pour le vérifier, n’hésite pas à leur demander d’expliciter la routine, plutôt que de le faire toi-même.

Routines d’entrée en classe

Le premier type de routine que l’on peut mettre en place, c’est une routine pour gérer l’entrée en classe de nos élèves. Le plus facile, c’est de mettre en place cette routine dès le premier cours de l’année. Mais si on est en plein milieu de l’année scolaire, on peut aussi mettre en place une nouvelle routine si on voit que la précédente ne fonctionne pas ou si on n’a pas pensé à en mettre en place, tout simplement. Ce sera un peu plus complexe, mais c’est tout à fait possible.

La routine de début de cours permet de lancer les élèves plus rapidement sur une tâche, dès leur arrivée en classe. Souvent, ce moment est un peu flou pour les élèves, et on peut facilement perdre 5 minutes à attendre que les élèves s’installent et que le silence se fasse, si on n’est pas proactif et clair dans nos attendus. Si les élèves savent ce qu’ils doivent faire dès leur entrée en classe, ça nous permet en plus de nous occuper de nos tâches administratives sans devoir gérer les élèves. On peut rapidement prendre les présences et installer nos affaires pendant que les élèves sont occupés, et ça nous soulage de cette charge mentale pour plus tard.

La routine de début de cours devrait permettre aux élèves d’être prêts à entamer le cours correctement : il faut leur spécifier le matériel qu’ils doivent avoir avec eux et le comportement qui est attendu de leur part. Pour que l’enseignant puisse s’occuper de ses tâches administratives, il faut fournir aux élèves une occupation autonome, régulière et dans laquelle les élèves s’engagent au début de chaque cours. Il peut s’agir par exemple d’un des éléments suivants :

• Les élèves se voient attribuer un quiz d’entrée. Celui-ci contient quelques questions, exercices ou problèmes à réaliser en cinq minutes maximum. C’est l’occasion pour l’enseignant de mettre en place une activité régulière de pratique de récupération à moindres frais.
• Les élèves peuvent prendre note des activités du jour ou de l’annonce de nouvelles échéances, qui sont affichées au tableau ou que l’enseignant est en train d’écrire dès son arrivée en classe. Les élèves recopient en silence dès qu’ils sont installés.
• Les élèves préparent et sortent tout le matériel qui sera nécessaire lors du cours et restent assis sans parler jusqu’à ce que nous ayons terminé nos tâches administratives.
• Les élèves sortent automatiquement leur devoir et le déposent sur leur banc, permettant ainsi un ramassage facile de la part de l’enseignant.
• Les élèves consultent le plan de classe affiché et vont s’asseoir directement à leur place, qui peut varier d’une semaine à l’autre, ou pas. C’est une pratique très simple à mettre en place, qui permet de connaître plus rapidement le nom des élèves en début d’année, qui nous permet de placer certains élèves à des endroits stratégiques en fonction de leurs besoins (ou d’aménagements raisonnables), ça permet également de casser certaines dynamiques négatives et ça réduit le stress des élèves qui ne doivent plus choisir où s’asseoir en classe et à côté de qui. S’il est mis en place dès le début de l’année, ça ne sera pas perçu comme quelque chose de punitif.
• L’enseignant peut utiliser une musique, récurrente ou non, qui dure 2 ou 3 minutes, permettant aux élèves d’avoir un code clair sur le temps qu’il leur reste pour être installés. La musique peut être choisie en concertation avec les élèves en début de période pour les impliquer encore plus dans cette routine. À défaut, un timer peut également être utilisé.

Ces options ne marcheront vraiment que si l’enseignant gère les tâches administratives rapidement, sans hésitation ni temps mort. De même, le prof doit rester vigilant et avoir l’œil en permanence sur ce qui se passe en classe pendant ce temps, et être prêt à intervenir dès que cela s’avère nécessaire. Il faudra probablement intervenir plus souvent au début de la mise en place de la routine, et de moins en moins ensuite.

Routines de transition

Un autre moment où les routines peuvent être utiles à mettre en place, ce sont les moments de transition entre deux activités différentes. Là encore, la mise en place d’une routine permet de simplifier la gestion de ce moment, de perdre moins de temps et de permettre aux élèves de bien savoir ce qui est attendu d’eux.

Certaines routines peuvent être similaires à celles d’entrée en classe :

• On peut utiliser de la musique, qui serait la même musique à chaque fois qu’on fait une transition vers un type d’activité, par exemple. La musique permet de définir un cadre spécifique à la transition et un temps donné pour arriver au bout de la transition. Une alternative est simplement d’utiliser un timer, qui affiche le temps alloué à la transition au tableau. Avec un timer, la durée accordée à la transition peut varier en fonction des types d’activités : un temps plus court si peu de changements sont nécessaires, un temps plus long s’il faut complètement modifier la façon dont les bancs des élèves sont organisés, par exemple.
• Une autre façon de procéder, c’est de se mettre à écrire les instructions au tableau en silence, à la fin d’une activité où les élèves sont occupés en autonomie. Petit à petit, certains élèves vont le remarquer, lire ce qu’on écrit, et transmettre le message au voisin jusqu’à ce que toute la classe soit attentive.
• De façon plus générale, il est intéressant de créer ses propres règles, sa propre routine, quelle qu’elle soit, qui nous permette de communiquer clairement nos attentes aux élèves. Cela peut simplement être de commencer par donner clairement les instructions pour la prochaine activité, en demandant aux élèves d’être attentifs et de ne rien faire d’autre sur le moment. Puis, demander à un élève de répéter les instructions. S’assurer une dernière fois que tout le monde sait ce qu’il doit faire, et enfin lancer les élèves dans la transition.

Routines de sortie de classe

Enfin, on peut également mettre en place des routines pour la fin du cours. Il y a deux dimensions à cette question : l’anticipation et la clôture à proprement parler.

La fin du cours est un moment important et à ne pas oublier de cadrer. Avant de laisser partir les élèves, il est important de ranger correctement le local et de le remettre en état, pour que le prochain cours puisse s’y donner correctement. Il faut ranger tout ce qui a été dérangé, remettre les bancs et les chaises à leur place, effacer le tableau ou éteindre le projecteur… bref, il faut que les élèves et l’enseignant aient le temps de faire tout ça.

D’autre part, il faut aussi penser à clôturer la leçon en rappelant aux élèves les dates des prochains devoirs ou des évaluations à venir, et il est important de terminer en montrant aux élèves ce qu’ils ont appris durant ce cours. Il faut donc prendre le temps nécessaire pour clôturer un cours, sans se laisser surprendre par le temps qui passe. En fonction du type d’activités réalisées, cette fin de cours peut nécessiter de 30 secondes à 5 minutes, mais il ne faut pas les oublier !

C’est l’enseignant qui est le gardien du temps et qui juge quand il est nécessaire d’indiquer aux élèves de commencer à ranger leurs affaires. Il s’agit d’être vigilant et de ne pas l’oublier, sinon :

• Les élèves vont prendre l’habitude d’en prendre l’initiative, ce qui va mener à des fins de cours désordonnées.
• Certains élèves vont arrêter de travailler trop tôt, se préparer à partir bien avant la sonnerie et enclencher des rapports de socialisation avec leurs voisins.
• D’autres élèves ne vont commencer à ranger leurs affaires qu’au moment de la sortie. Cela se traduit par un départ des élèves de la classe en accordéon, ce qui compromet le bon démarrage du cours suivant.

Ainsi, il doit y avoir une routine bien établie où c’est l’enseignant qui indique aux élèves qu’ils peuvent commencer à ranger leurs affaires. Les élèves ne peuvent pas en prendre l’initiative. Tout au plus peuvent-ils rappeler à l’enseignant que la fin du cours approche et qu’il est temps de ranger si celui-ci est distrait.

Si ce processus est bien établi, les élèves ne prendront pas l’habitude de déterminer par eux-mêmes la fin du cours. Il faut donc donner suffisamment de temps aux élèves et à soi-même afin de terminer le cours dans de bonnes conditions.

Le premier signal à donner aux élèves, c’est donc le moment où ils peuvent s’arrêter de travailler et où ils doivent ranger leurs affaires et ranger la classe. L’autre signal à donner aux élèves, c’est le moment où ils peuvent quitter le local. Si ce deuxième signal n’existe pas dans notre routine, alors les élèves vont probablement quitter leur place dès qu’ils ont rangé leurs affaires et s’agglutiner devant la porte, ce qui risque de mener à… un gros désordre. Difficile pour l’enseignant de vérifier que la classe est bien rangée dans ce cas-là.

Ce qui est conseillé, c’est de demander aux élèves de rester assis et silencieux à leur place tant que l’enseignant n’a pas donné le signal de départ. L’enseignant a l’opportunité de vérifier à ce moment-là la propreté du sol et de demander, le cas échéant, aux élèves concernés de ramasser les papiers oubliés. Tous les élèves sortent alors en même temps quand il donne le feu vert et les retardataires sont priés de se dépêcher pour ne pas retarder le cours suivant.

L’enseignant garde la maîtrise, l’attention, le contrôle de la classe et la parole jusqu’à la sonnerie, s’il y en a une. Ce n’est jamais la sonnerie qui indique le départ, mais l’enseignant. Il s’agit de bien en avertir les élèves dès le premier cours et de les rappeler à leur place s’ils ne respectent pas la procédure énoncée. Si les élèves se lèvent trop tôt, rangent leurs affaires avant notre signal ou mettent déjà leur veste, il est important de prendre le temps de leur demander de revenir en arrière, d’enlever leur veste et de sortir à nouveau leurs affaires, quitte à perdre beaucoup de temps la ou les premières fois, pour que les élèves comprennent que s’ils veulent aller plus vite, ils vont en fait perdre du temps. De même, les élèves qui ont quitté leur place plus tôt et ont dû la réintégrer peuvent recevoir comme consigne qu’ils partiront après les autres, en dernier, une fois que l’enseignant leur donnera un nouveau signal. Cette démarche favorisera à l’avenir la conformité de leur comportement en fin de cours.

Quelle que soit ton style, l’idée est de nouveau de te choisir une routine de fin de cours. Elle peut inclure une activité calme systématique durant les 10 dernières minutes de la leçon. Cela peut être un “ticket de sortie”, où les élèves doivent répondre à une rapide question sur le contenu du cours avant de pouvoir quitter le local. Il peut s’agir d’une routine d’établissement, par exemple de toujours noter la matière vue dans le journal de classe. Tu peux aussi opter pour le fait de laisser partir les élèves rangée par rangée plutôt que toute la classe en une fois, ce qui te permet de bien vérifier que la classe est propre et de laisser partir directement ceux qui ont fait l’effort de maintenir leur espace propre.

Et voilà. Avec tous ces exemples, j’espère que tu as pu être inspiré et que tu trouveras tes propres routines à mettre en place. À chaque fois que tu repères un type de moment répétitif, c’est probablement une bonne occasion de réfléchir à une routine pour améliorer son déroulement. Et pas de panique si jamais tu n’as pas d’idées pour tout mettre en place là maintenant ; personnellement, je n’ai pas de routines pour tous les moments où il pourrait y en avoir. J’en mets en place de nouvelles chaque année, et je vois à quel point ça peut améliorer les choses dans certaines classes. Par contre, dans des classes qui me connaissent déjà et avec qui tout se passe bien, je t’avoue que je ne change pas forcément tout. J’ajoute de nouvelles pratiques là où je pense qu’elles peuvent réellement apporter quelque chose, à moi et à mes élèves.