La mise en place du cadre en début d'année scolaire

Aujourd’hui, je vais te parler du concept d’illusion disciplinaire et de la mise en place d’une bonne gestion de classe en début d’année scolaire. Mais si tu n’écoutes pas ce podcast en début d’année scolaire, ce n’est pas grave, car on peut toujours remettre à jour sa gestion de classe ; c’est simplement plus facile d’établir une bonne gestion de classe dès le départ, plutôt que de devoir changer de dynamique en milieu d’année… mais ce n’est pas impossible !


Au début de l’année scolaire, quand des élèves rencontrent un enseignant pour la première fois, ils vont commencer par observer leurs enseignants à travers deux phases distinctes :


  • une première phase qu’on appelle la phase “lune de miel”, ou la phase “d’illusion disciplinaire”, au cours de laquelle les élèves sont calmes, silencieux et en retrait. Ils observent l’enseignant, ce qu’il dit, ce qu’il fait, comment il se comporte en classe de manière spontanée.
  • une seconde phase de test au cours de laquelle les élèves vont se mettre à agir, à “tester” leurs enseignants et à observer comment les enseignants réagissent à leur comportement. Cette fois, les élèves observent les réactions de l’enseignant aux comportements provoqués par les élèves.


On va détailler ces différentes phases pour mieux comprendre comment elles se déroulent et, surtout, quelle est l’importance de chacune de ces phases, ce que les élèves en retirent comme informations, et comment l’enseignant peut s’y comporter pour que tout se passe pour le mieux.


La phase de lune de miel ou d’illusion disciplinaire

La phase de “lune de miel” est un phénomène qui a été mis en évidence par de nombreux chercheurs dans différents contextes, que ce soit en école primaire ou secondaire, quel que soit le cours.


Durant cette phase, qui est particulièrement marquée si les élèves découvrent un nouvel établissement, un nouveau groupe classe avec de nouveaux camarades, en plus d’un nouvel enseignant, les élèves vont avoir tendance à rester calmes et passifs. Ils vont prendre une posture d’observateur. D’un point de vue de l’enseignant, on a donc l’impression que tout se passe à merveille, que nos élèves sont attentifs et pas dissipés, qu’ils écoutent et qu’on peut donner notre cours sans problème. Si on attend beaucoup de participation de leur part, on peut avoir plus de difficultés puisqu’ils sont alors dans une phase plutôt passive.


Du point de vue des élèves, ils sont en réalité dans une phase d’observation, car ils ne connaissent pas encore bien les règles qu’ils vont devoir suivre tout au long de l’année. Je parle autant des règles générales de l’établissement que des règles spécifiques à l’enseignant, qu’elles soient explicites mais surtout implicites. Avant d’oser participer et s’exprimer, les élèves cherchent leurs repères, les limites du cadre à respecter dans tel ou tel cours. Les élèves semblent donc passifs en surface, mais à l’intérieur, ils sont très actifs dans leur collecte d’informations sur l’enseignant qui se trouve face à eux.


Dans l’enseignement primaire, les élèves sont avec le même enseignant la plupart du temps, mais dans l’enseignement secondaire, ils changent d’enseignant très régulièrement et doivent donc apprendre les règles spécifiques à chaque enseignant, car on sait tous que chaque enseignant a ses attentes spécifiques dans son cours, même s’il y a un cadre général au sein de l’école.


Par exemple, sur la question du retard de l’élève en début de cours, il existe des pratiques très différentes dans une même école : accepter un retard jusqu’à ce que la sonnerie retentisse, jusqu’à ce que la porte soit fermée ou jusqu’à ce que l’appel soit terminé, accepter un délai supplémentaire si les élèves étaient en cours à l’autre bout de l’établissement, demander à l’élève d’aller chercher un billet de retard ou au contraire lui demander de s’installer rapidement pour ne pas prendre de retard, exiger qu’il s’excuse ou à l’inverse qu’il se fasse discret pour ne pas perturber le début du cours… Toutes ces pratiques personnelles découlent d’une même règle d’établissement, et les élèves doivent apprendre comment chaque enseignant applique sa version de la règle commune.


Durant cette phase de lune de miel, les élèves sont attentifs à plein de paramètres :

  • le ton de la voix de l’enseignant
  • l’expression du visage de l’enseignant
  • le positionnement et le déplacement de l’enseignant dans la classe
  • le discours de l’enseignant
  • l’attitude générale de l’enseignant face aux élèves
  • la manière dont l’enseignant souhaite qu’on s’adresse à lui
  • la quantité de travail qu’il faut fournir dans ce cours
  • les exigences de l’enseignant


Tous ces paramètres permettent aux élèves de collecter des informations sur l’enseignant afin de s’adapter aux attendus spécifiques du cours, et de l’établissement scolaire en général. Si des règles communes à tous les enseignants sont mises en place, il est donc très important à ce stade que tous les enseignants fassent respecter ces règles, pour que les élèves intègrent que ces règles ne peuvent en aucun cas être transgressées, quel que soit le cours. Si certains enseignants ne font pas respecter une règle, c’est la cohérence de l’équipe éducative au complet qui risque d’être remise en question par les élèves.


Cette phase d’illusion disciplinaire peut durer seulement un cours, parfois un peu plus, mais dans l’ensemble elle s’étend rarement au-delà d’une semaine.


Ensuite, on entre dans la phase de test.


La phase de test

Durant cette seconde phase, les élèves vont se mettre en action et “provoquer” leurs enseignants. Ces petits tests vont leur permettre d’observer comment chaque enseignant réagit. Les deux phases peuvent se chevaucher et être plus ou moins rapides, en fonction des élèves de la classe.


En pratique, chaque élève n’a pas besoin de faire un “test”, puisqu’il est spectateur de la réponse publique que fait l’enseignant à un élève perturbateur. Un élève peut tirer une conclusion du test réalisé par un autre élève. La réponse de l’enseignant à chaque “test”, à chaque comportement perturbateur, va être observée par tous les élèves, qui vont ensuite pouvoir tirer des conclusions sur le comportement qui est attendu de leur part, quels comportements sont permis par l’enseignant, quels comportements sont sanctionnés et comment ils sont sanctionnés.


Il ne faut pas se dire que les élèves testeurs ont de mauvaises intentions ; il s’agit simplement pour eux de définir le cadre qu’ils devront respecter pour le reste de l’année, et à quel point l’enseignant va réellement faire ce qu’il dit. Les élèves testeurs aident le groupe classe à définir les limites du cadre dans lequel ils vont tous évoluer. Certains élèves auront plus tendance à essayer de faire pencher le cadre dans leur direction ; il faut alors que l’enseignant soit ferme et sûr de lui dans ses réponses, afin de mettre en place le cadre qu’il souhaite.


La gestion de la discipline en classe est donc en train de devenir le produit d’une négociation entre certains élèves de la classe et l’enseignant. Ces “tests” servent à déterminer quels aspects de la vie en classe peuvent être négociés à leur avantage et quels aspects sont non négociables. Certains élèves vont tenter de voir s’il est possible de s’amuser avec l’enseignant, ou contre l’enseignant, et s’il est possible de le défier.


Par exemple, si un élève entre en classe avec des écouteurs ou un casque, et que l’enseignant ne réagit pas, tous les élèves témoins de ce comportement et de l’absence de réaction de l’enseignant peuvent en conclure qu’ils peuvent arriver en classe avec des écouteurs. À l’inverse, si l’enseignant réagit et rappelle à l’élève qu’il est interdit d’arriver en classe avec des écouteurs, chaque élève est également le témoin de cette réponse. Le type de réponse est également intégré par les élèves : un rappel à l’ordre calme, poli mais ferme n’aura pas le même effet qu’une engueulade sur un ton énervé.


Les élèves vont aussi vérifier si l’enseignant applique les différentes règles qu’il a énoncées, ils ne vont pas se satisfaire de ce que l’enseignant dit, ils vont le mettre en situation pour voir s’il réagit comme il avait annoncé qu’il allait réagir. Donc, si tu annonces quelque chose, sois prêt à le faire respecter. Par exemple, je fais des évaluations de 5 minutes au début de mes cours, et je lance un chronomètre de 5 minutes. J’annonce à l’avance qu’une fois que le chronomètre sonne, je récupère directement les feuilles des élèves, et que s’ils ne me les rendent pas à ce moment-là, c’est trop tard. Si, lors de la première évaluation, je laisse un élève me rendre sa feuille plus tard, alors tous les élèves vont se dire que les 5 minutes ne doivent pas vraiment être respectées. Par contre, si je refuse la feuille d’un élève qui veut me la rendre après mon passage, je montre à tout le monde que je fais ce que je dis. Malheureusement pour cet élève-là, il aura servi d’exemple pour tout le monde, mais lui aussi aura expérimenté le fait qu’il faut me rendre la feuille au moment où je passe la prendre, et il ne tentera plus jamais de négocier cela.


La phase de test est donc un moment crucial pour l’enseignant : ne pas réagir ou au contraire sur-réagir en se fâchant ou en perdant le contrôle de soi-même est un signe typique d’un enseignant inexpérimenté. Les élèves vont donc rapidement se dire qu’ils peuvent prendre l’avantage face à ce genre de réaction.


Une conséquence de cette phase de test, c’est que certains élèves vont adopter des comportements différents en fonction des cours ; avec certains enseignants, ils ont observé qu’ils peuvent se comporter comme ils veulent sans conséquence, alors qu’avec d’autres, ils ont vu qu’ils doivent respecter certaines règles, sinon des conséquences arrivent. Un élève va donc avoir plusieurs identités en fonction de l’enseignant, en fonction du cours ; il peut se montrer perturbateur et bavard avec un prof, mais studieux et travailleur avec un autre prof.


En fonction des informations que les élèves vont recueillir, ils vont globalement choisir entre deux types de comportement : s’amuser ou faire ce que l’enseignant demande. Parfois, les deux choix peuvent se rejoindre, si les situations d’apprentissage proposées par l’enseignant sont considérées comme amusantes par l’élève.


Pour décider s’ils vont aller dans le sens de l’enseignant, ou contre l’enseignant, les élèves vont se baser sur trois dimensions :

  • la capacité à établir des relations positives avec les élèves, à prendre en compte leur bien-être et leur réussite
  • la capacité à mettre en place un cadre cohérent, constant et prévisible dans la classe, sans être rigide, menaçant ou punitif
  • la capacité à rendre l’apprentissage intéressant et à utiliser des stratégies pédagogiques efficaces et motivantes


De base, tous les enseignants vont avoir plus de facilité à développer une de ces dimensions et plus de mal avec une autre. Je sais par exemple que pour moi, il est assez facile maintenant de mettre en place un cadre cohérent ; je connais les règles que j’attends que mes élèves suivent, je sais expliquer pourquoi je tiens à ce qu’ils suivent les règles, je fais bien attention à ne rien laisser passer, surtout au début, et j’ai rarement des soucis de ce côté-là. Par contre, le côté qui est moins inné pour moi, c’est le fait d’établir des relations positives avec mes élèves, surtout avec ceux que je ne vois qu’une fois par semaine. J’ai tellement en tête l’idée que j’ai peu de temps avec eux que je prends moins le temps de développer cette relation… même si je sais qu’il faut qu’elle existe pour que les cours puissent bien se passer.


On va voir comment développer correctement ces trois dimensions en tant qu’enseignant.


Établir des relations positives avec les élèves

Le fait d’établir une relation positive avec ses élèves, en leur montrant qu’on s’intéresse à eux, qu’on veut qu’ils réussissent et qu’on leur donne de la considération, va encourager les élèves à s’engager dans le cours. Les élèves vont repérer les enseignants qui sont réellement bienveillants envers eux :

  • les enseignants bienveillants font attention au bien-être de l’élève
  • les enseignants bienveillants valorisent l’individualité de l’élève
  • ils font preuve de respect envers tous les élèves
  • ils se soucient réellement de la réussite de l’élève, de sa compréhension et de ce qu’il apprend en classe
  • ils sont volontaires pour aider les élèves à réaliser leurs travaux scolaires


Toutes ces caractéristiques n’ont pas la même importance pour tous les élèves. Les élèves qui sont plus performants d’un point de vue de la réussite scolaire vont mettre plus d’importance sur le fait que l’enseignant soit impliqué dans la réussite scolaire de ses élèves, alors que les élèves qui sont plus en difficulté vont être plus attentifs au fait que l’enseignant exprime un intérêt pour chaque élève en tant qu’individu, ainsi qu’à certains traits de personnalité comme l’humour, la patience ou encore la capacité d’écoute.


Beaucoup d’enseignants considèrent que les élèves devraient laisser leurs problèmes personnels en dehors de l’école, mais pour les élèves, voir qu’un enseignant est disposé à l’écouter quand ils expriment un problème qui n’est pas lié à sa scolarité peut fortement réduire le stress de ces élèves, augmenter la confiance qu’ils ont envers l’enseignant et donc améliorer la gestion de classe de manière générale.


Un autre facteur important est le fait que l’enseignant devrait avoir des attentes élevées envers ses élèves en termes de réussite scolaire, mais ces attentes doivent absolument être combinées avec de la bienveillance et du soutien aux élèves pour les amener vers la réussite, car si les attentes sont élevées mais que l’enseignant manque de bienveillance, cela peut mener à des objectifs trop élevés, que les élèves ne savent pas atteindre sans un soutien extérieur d’un autre adulte. À l’inverse, la bienveillance sans attentes élevées peut avoir de tout aussi mauvais résultats, et parfois se transformer en une sorte de paternalisme : les enseignants se sentent “désolés” face aux élèves qui pourraient être défavorisés, et ne les mettent jamais au défi de se dépasser sur le plan scolaire. La combinaison d’attentes élevées accompagnée de bienveillance peut donc faire une grosse différence dans la vie des élèves.


Mettre en place un cadre cohérent, constant et prévisible

Ensuite, voyons comment mettre en place un cadre cohérent, constant et prévisible, car la bienveillance envers les élèves ne suffit pas à ce qu’un cours se déroule correctement. Il faut que l’enseignant arrive à créer un environnement de classe dans lequel tous les élèves peuvent se sentir en sécurité, où des limites claires sont établies et où les comportements perturbateurs sont limités.


Plusieurs recherches ont montré que les élèves ont une meilleure image de leur enseignant lorsque celui-ci est à la fois coopératif et influent, c’est-à-dire qu’il est attentionné envers ses élèves et qu’il fait preuve d’encouragements, mais qui peut également agir de manière autoritaire et faire preuve de leadership pour mener sa classe.


À l’inverse, les enseignants qui sont jugés trop permissifs par les élèves n’obtiennent pas le respect des élèves. Ils sont considérés comme “trop lâches pour prendre les choses en main” en laissant les élèves se comporter comme ils veulent. Ces conclusions sont valables également pour les élèves qui souffrent de problèmes de comportement ; même ces élèves-là sont d’accord pour dire qu’un bon enseignant doit mettre en place des limites qui sont bénéfiques pour eux. On a souvent l’impression que les élèves préfèrent des enseignants qui “laissent faire”, mais les recherches montrent que la tendance est plutôt inverse, et que beaucoup d’élèves pensent que les enseignants devraient être plus stricts, sans pour autant être “méchants”. Les élèves reconnaissent qu’il faudrait faire respecter les règles, mais pas n’importe comment : un enseignant qui fait respecter les règles de façon trop rigide, ou qui punit à chaque écart minime ne va pas gagner le respect des élèves…


Le respect du cadre ne devrait jamais passer par l’humiliation d’un élève, par le fait de crier ou d’imposer des punitions trop dures et qui n’ont pas de sens. L’enseignant devrait toujours pouvoir expliquer pourquoi il est important de respecter une règle et ne jamais imposer à un élève de faire quelque chose “parce que je suis ton professeur et que je te le dis”.


Il y a donc un compromis délicat à trouver entre le respect strict du cadre et la relation positive à développer avec les élèves. Si c’était facile, on ne serait pas autant à avoir des problèmes de gestion de classe !


Rendre l’apprentissage intéressant

Enfin, la troisième facette d’un “bon enseignant”, selon les élèves, c’est d’être capable de proposer des séquences de cours variées et attrayantes.


L’utilisation de cours magistraux, sans aucune interaction avec les élèves, est systématiquement dénoncée comme un point négatif par l’ensemble des élèves. L’apprentissage routinier et basé sur le par cœur est également mal-aimé des élèves.


Au contraire, toutes les formes de stratégies interactives, que ce soit entre les élèves et le prof, ou entre élèves seulement, sont mises en avant par les élèves. Si l’enseignant arrive à capter l’attention des élèves, à leur donner envie d’être en classe et d’apprendre, s’il arrive à allier humour, enthousiasme et créativité dans son approche de la matière, alors les élèves semblent conquis !


Mais de nouveau, il ne faut pas isoler cette facette d’un “bon” enseignant des deux précédentes. Pour pouvoir mettre en place ce genre de pédagogie interactive, il faut tout d’abord qu’un cadre soit mis en place en classe et que l’enseignant arrive à développer une relation positive avec ses élèves. Ces trois facettes sont interconnectées, et l’absence de l’une d’entre elles peut suffire à modifier l’image qu’un élève peut avoir de l’enseignant.


Au final, pour arriver à mettre en place un climat de travail positif dans sa classe, il faudrait donc combiner trois qualités essentielles :

  • être bienveillant envers les élèves et développer une relation positive avec eux
  • faire respecter un cadre cohérent, constant et prévisible sans crier, punir abusivement ou humilier un élève
  • proposer des cours interactifs, variés et attrayants, en évitant les cours magistraux


Ces trois qualités peuvent être mises en avant facilement dès le premier cours que l’on a face à nos élèves, car à ce moment-là ils sont calmes et observateurs. Si l’on parvient dès ce moment-là à leur montrer ces trois qualités, alors il y a de fortes chances pour que notre gestion de classe soit facilitée pour l’année scolaire à venir.


Si, malheureusement, on ne réussit pas à leur montrer cela dès le début, parce qu’on est un jeune enseignant, parce qu’on n’est pas encore sûr de soi, parce qu’on n’était pas au top ce jour-là ou pour n’importe quelle autre raison, rien n’est perdu ! On a toute l’année scolaire pour montrer aux élèves qu’on peut être bienveillant, faire respecter le cadre et proposer des cours intéressants. Mais cela risque de prendre un peu plus de temps pour changer la première impression que les élèves ont eue de nous, lors de leur phase de lune de miel où ils nous ont observés, puis lors de leur phase de test où nous n’avons peut-être pas réussi à réagir idéalement face aux comportements qu’ils ont montrés à ce moment-là.


Pour te partager un exemple personnel, cette année j’ai raté ma phase de test avec un de mes groupes de 4e option, alors qu’avec les autres groupes tout s’est bien passé. Si j’analyse ce qu’il s’est passé maintenant, je pense qu’il y a eu plusieurs facteurs qui sont responsables de ce qu’il s’est passé :

  • ce cours a lieu le mardi en 8e et 9e heure, après une journée qui est très longue pour les élèves mais aussi pour moi, puisque je commence ma journée de cours à 8h. Je n’étais pas dans la meilleure des formes et les élèves aussi étaient fatigués.
  • je ne connaissais aucun élève de ce groupe, ce qui n’est pas le cas pour la majorité des autres groupes où je connais toujours bien quelques élèves des années précédentes. Le fait que certains élèves me connaissent déjà facilite clairement la mise en place d’une relation et d’un cadre envers toute la classe.
  • je pense avoir été trop rapide dans la mise en place des règles, car j’avais déjà eu le même discours pour plein de groupes sur cette journée et la précédente. Je pense donc ne pas avoir été aussi claire et aussi patiente qu’avec d’autres groupes.
  • quand on a commencé le cours, j’étais moins énergique, plus fatiguée et là aussi je pense avoir été trop vite, ce qui n’a pas permis aux élèves de voir que je pouvais les écouter, répondre à leurs questions et leur laisser l’occasion d’avancer à leur rythme.


Le résultat de tout ça, c’est que ce groupe est le plus difficile pour moi cette année, pour le moment. J’arrive toujours plus fatiguée face à ces élèves, donc il sera toujours plus difficile pour moi d’être positive et enthousiaste, mais il faudra que je trouve le moyen de leur montrer que, même en fin de journée, même s’ils sont plus dissipés eux aussi, je peux quand même me montrer bienveillante, prendre le temps qu’il faut et leur proposer des activités intéressantes. Mon premier réflexe a été de ne pas faire un laboratoire que j’avais fait avec l’autre groupe auquel je donne le même cours, mais finalement je suis revenue sur ma décision et nous avons fait ce laboratoire la semaine d’après. De même, plutôt que de resserrer le cadre, ce qui est toujours mon premier réflexe, j’ai profité du laboratoire pour pouvoir échanger individuellement avec plus d’élèves et construire une relation plus positive. C’est encore loin d’être gagné, et je pense que ça restera un groupe plus difficile, mais je ne dois pas oublier de miser sur les trois facettes qu’observent les élèves : être bienveillante, fixer un cadre et proposer des activités intéressantes. Si tu es dans la même situation, essaie de prendre du recul et de voir quels côtés tu peux améliorer !

Sources

  • Audrey Murillo, Julie Blanc, Hélène Veyrac. « Dès les premiers cours avec un enseignant, je sais quel élève je serai ». Comment les élèves perçoivent les effets sur eux-mêmes des pratiques de leurs enseignants. 2020
  • Hoy, A. W., & Weinstein, C. S. (2006). Student and Teacher Perspectives on Classroom Management. In C. M. Evertson & C. S. Weinstein, Handbook of classroom management : Research, practice, and contemporary issues (p. 181-219). Lawrence Erlbaum Associates Publishers.
  • Allen, J. D. (1986). Classroom Management : Students’ Perspectives, Goals, and Strategies. American Educational Research Journal, 23(3), 437‑459.
  • Ball, S. (1980). Initial encounters in the classroom and the process of establishment. In P. Woods, Pupil strategies. Explorations in the sociology of the school (p. 143‑161). Croom Helm.
  • Beynon, J. (1985). Initial Encounters in the Secondary School : Sussing, Typing and Coping. Routledge Falmer.
  • Davidson, A. L. (1999). Negotiating social differences: Youths’ assessments of educators’ strategies. Urban Education, 34(3), 338–369.
  • Cothran, D. J., & Ennis, C. D. (2000). Building bridges to student engagement: Communicating respect and care for students in urban high school. Journal of Research and Development in Education, 33(2), 106–117.
  • https://comprendreleseleves.ensfea.fr/bande-dessinee/illusion-disciplinaire/

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