Les profs au feu et l’école au milieu

Durant ces vacances scolaires, j’ai été passer quelques jours à la montagne avec des collègues. Une petite bibliothèque était disponible dans l’appartement où nous étions, et j’y ai trouvé une petite pépite qui a alimenté quelques discussions durant cette semaine. Il s’agit du livre de Franck Andriat, un professeur de français dans le secondaire belge, qui s’intitule joliment “Les profs au feu et l’école au milieu”. 🔥


Ce petit livre, court et facile à lire, se décline en 10 chapitres dont le titre est un commandement ironique que tout professeur se doit de suivre. J’ai été directement interpelée par ces courtes phrases cinglantes qui appellent à en découvrir plus. La plume de l’auteur est acérée juste comme il faut et permet de se rendre compte que la situation que je vis au quotidien dans mon école, dans mon cours de sciences, est en réalité partagée par un très grand nombre d’enseignants, quelque soit la matière enseignée.


Bien que n’étant peut-être pas aussi “extrémiste” si j’ose dire, je suis globalement d’accord avec tout ce qui est dit dans ce livre. Pour te donner envie d’aller le découvrir, voici ces 10 commandements dont je te parlais :

  • Les pédagogues tu adoreras et aimeras parfaitement
  • Les décrets tu respecteras, fuyant bon sens et raisonnement
  • Ta personne tu oublieras, en servant l’élève dévotement
  • Les parents tu honoreras, les inspecteurs, pareillement
  • Devoirs et travail tu éviteras, échecs et colère également
  • Les compétences tu observeras en séquences, minutieusement
  • Les points d’autrui tu ne prendras ni ne retiendras injustement
  • L’indignation tu banniras et les coups de blues également
  • En pensées, désirs, tu veilleras à suivre tes formations soigneusement
  • Tu ne viseras pas l’excellence, un minimum d’exigences tu auras joyeusement

L’auteur prend position contre les pédagogues et didacticiens qui pondent des théories de l’enseignement sans être directement dans les écoles, devant les élèves, à vivre une vie de prof au quotidien, mais qui imposent, par le biais des différentes ministres de l’enseignement de ces dernières années, leur vision et leur façon de faire aux enseignants.


Les différents décrets et réformes en prennent pour leur grade, imposant toujours de nouvelles contraintes aux profs, qui doivent, pour les respecter, modifier leur façon d’enseigner, même si celle-ci fonctionnait très bien (voir mieux) jusque-là.


L’élève mis au centre de tout force l’enseignant à être mis de côté, oubliant son bien-être, son importance et son rôle primordial dans les écoles. Les parents et les élèves deviennent petit à petit tout permis tandis que les profs sont relégués au rôle d’animateurs, de gardiens d’enfants sans plus devoir leur apprendre quoi que se soit de conséquent.


L’école de la réussite prônée ces dernières années ne permet plus de préparer correctement les élèves à ce qui les attend après l’école ; la vraie vie. L’école devenant un lieu où tout doit être mis en place pour respecter les envies et les besoins de chaque enfant, elle ne permet plus de les mettre face aux difficultés réelles de la vie, qui ne se limite pas à des jeux, des encouragements et des feed-back positifs.


Le passage d’un enseignement de savoirs vers un enseignement de compétences (et autres mots-savants inventés par les pédagogues) ne rends service ni aux élèves, ni aux enseignants, qui ne savent plus réellement ce qu’ils doivent apprendre ou ce qu’ils doivent enseigner.


Le découpage de l’apprentissage en autant de séquences fait écho au zapping constant qui accompagne la vie actuelle : on passe constamment d’une activité à l’autre, d’une émission à l’autre, d’un post Instagram à l’autre… Les élèves n’apprennent plus à se concentrer durant de longs moments, à travailler de manière rigoureuse et à faire attention à la qualité de leur travail.



Bien qu’étant quotidiennement dans une école à pédagogie active, je ne peux m’empêcher de penser que l’enseignement ne va pas dans la bonne direction, et j’ai peur de ce qu’il va devenir dans 10 ou 20 ans.


Aurais-je encore envie d’être prof à ce moment-là ?

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