Aujourd'hui, j’aimerais prendre le temps de te présenter une des maximes qui m’a le plus permis d’évoluer dernièrement, autant dans mon boulot de prof que dans le lancement de ce podcast, des newsletters que j’écris et de toutes les ressources que je partage.
Cette maxime, c’est : Mieux vaut fait que parfait !
Encore mieux qu’une maxime, je peux même dire que c’est devenu mon mantra au quotidien.
C’est une phrase que je me répète à longueur de journée. Mais c'est parce que j'y crois dur comme fer, et que c'est devenu un lifestyle chez moi, c’est vraiment mon mantra. Au moins une fois par jour, je me retrouve à procrastiner/à tourner en rond. Et à chaque fois, je me répète à voix haute : "Allez, mieux vaut fait que parfait". Et je m'oblige à passer à l'action, quoi qu'il advienne.
Mieux vaut fait que parfait, ça veut dire qu’il vaut toujours mieux se lancer, essayer, tester et créer une version pas trop mal de quelque chose, même si cette version n’est pas du tout la version parfaite qu’on a en tête. Se lancer, c’est de toute façon mieux que ne pas se lancer, que rester sur place. Si on attend constamment de se sentir prêt, d’avoir le temps, d’avoir l’énergie, d’avoir l’argent pour faire quelque chose d’aussi parfait que ce qu’on imagine dans notre tête, on ne se lancera jamais. Et ça, c’est clairement le moins bon des résultats : ne rien faire, c’est toujours pire que de se lancer dans une version, aussi imparfaite soit-elle.
Mieux vaut fait que parfait, c’est accepter l’erreur, accepter qu’on est humain et surtout accepter que tout ne soit pas “exactement comme dans notre tête” avant de se lancer. Ce mantra, il m’a permis de combattre mon envie de perfection. Et dans un quotidien de prof, on ne l’atteint jamais vraiment, la perfection. On peut toujours améliorer nos préparations de cours. On peut toujours trouver une façon un peu meilleure d’enseigner, ou simplement d’interagir avec nos élèves. On ne sera jamais un prof parfait. Mais on “show up”, on est là, présent, tous les jours, et on fait le job.
Mieux vaut fait que parfait, c’est aussi choisir de ne pas se lancer dans la création d’un cours “parfait”, qui nous prendrait beaucoup trop de temps, beaucoup trop d’énergie. C’est accepter d’arrêter de préparer notre cours du lendemain pour se consacrer à soi. C’est se dire que notre prépa imparfaite, elle vaut mieux qu’une prépa parfaite, car elle nous permet d’avoir du temps pour soi. Et ça, c’est ce qui fera qu’on pourra continuer à être prof sur le long terme.
Mieux vaut fait que parfait, c’est aussi une bonne raison pour oser se mettre en mouvement, pour oser tester une nouveauté. Car souvent, c’est la mise en mouvement qui est difficile, c’est se lancer dans un changement, dans une nouveauté. Une fois qu’on est lancé, ça va beaucoup mieux. Mais c’est vraiment ce premier pas qui est complexe. On veut tester une nouveauté, mais on n’ose pas, on se dit qu’on fera ça au cours prochain, à la période prochaine, l’année prochaine… et finalement, c’est une excuse pour ne jamais bouger, ne jamais changer cette chose qu’on voudrait changer. On ne veut pas changer si ce n’est pas parfait, encore une fois… mais accepter que ça ne sera jamais parfait, c’est le premier pas pour oser se lancer.
Comme exemple très concret, je peux te parler de ce podcast ! J’ai mis des mois avant de me lancer pour l’enregistrement d’un premier épisode. Si tu retournes l’écouter maintenant, tu entendras probablement des différences de qualité. Je me suis lancée dans l’enregistrement en pleine balade avec mon cheval, en forêt, avec mon smartphone à la main. Et j’ai posté l’épisode, plein d’imperfections, simplement pour le fait de me lancer, sinon j’aurais pu encore attendre très longtemps ! En fait, je ne trouvais jamais les conditions parfaites pour me lancer. J’avais toujours une excuse pour me dire que ce n’était pas le bon moment. Je me disais en plus que ce n’était pas la bonne période de l’année pour lancer quelque chose à destination des profs, en plein mois de juin. Je me disais que je n’avais pas le bon matériel, car je n’avais pas de micro. Je me disais que mon discours n’était pas bien construit, pas intéressant, que je respirais trop fort… bref, j’avais toutes les excuses du monde pour ne pas me lancer.
Et puis un jour, je me suis dit “mieux vaut fait que parfait”. Et aujourd’hui, j’en suis à l’épisode 70 et je publie toutes les semaines. La qualité s’est améliorée (enfin, j’espère), mais il y a toujours des épisodes dont je suis beaucoup moins fière, d’autres que je trouve trop peu recherchés, certains que je ne trouve pas assez intéressants… mais je publie, et si on m’écoute de l’autre côté, c’est qu’au moins certaines personnes trouvent que c’est suffisamment bien que pour être écouté !
C’est la même histoire avec les newsletters que j’envoie chaque semaine. Parfois, je manque de temps, et j’écris un truc rapidement, où il reste des fautes (tu sais, les fautes que tu repères dès que tu as cliqué sur le bouton “envoyer”, mais c’est trop tard…). Mais je continue de le faire, car au pire les gens se désabonnent et arrêtent de me lire, mais au mieux, certaines personnes me lisent et trouvent ça intéressant, et peut-être que je peux leur apporter quelque chose !
Mieux vaut faire que parfait, c’est contrer la pensée qui nous dit que “ce n’est jamais assez bien”. Et le problème de nos jours, avec les milliards de contenus disponibles partout sur le net, c’est que les algorithmes sont conçus pour te partager seulement les meilleurs contenus. Et te bombarder avec ça. Tu es littéralement bombardé, au quotidien, des meilleurs contenus du net. Tu vois les meilleures séances de cours que les profs partagent sur Instagram. Tu as accès aux meilleures prépas de cours de profs qui enseignent depuis 20 ans.
Le résultat ? Ton cerveau en vient à penser que c'est la moyenne standard d'un cours aujourd'hui. Et du coup, si ton cours, tes prépas ne sont pas à ce niveau-là, alors cela signifie que ce n'est pas assez bien et que ça ne vaut pas le coup d'être implémenté ou partagé. Résultat des courses : on se compare (consciemment ou inconsciemment), on se juge, on se censure et on tue notre créativité et notre inspiration.
Le souci, c’est que faire ça, c’est comparer ta version 3 avec la version 42 de quelqu’un d’autre. Si tu compares un cours que tu donnes durant ta première ou deuxième année, avec un cours d’un prof qui a plus de 20 ans d’expérience, évidemment que tu trouveras ton cours moins bien. Va plutôt voir le cours de quelqu’un du même niveau d’expérience que toi. Va voir les premières vidéos YouTube de quelqu’un, va voir les premiers posts Instagram, va rechercher les premières productions de quelqu’un, et pas les toutes dernières, si tu veux les comparer à ce que toi, tu produis aujourd’hui.
Toutes les ressources que je partage, elles sont loin d’être parfaites.
Des collègues me demandent parfois comment j’ai osé franchir le pas de partager mes ressources. Comment j’arrive à me dire qu’elles sont “assez bien” que pour être partagées. C’est un pas qui a été très dur à franchir, et encore aujourd’hui, je ne partage pas la moitié des ressources que j’ai créées dans ma carrière. Ce que je partage, c’est ce que j’estime “potable”. Et chaque année, j’y trouve des fautes. Il n’y a pas une semaine où je ne repère pas une faute dans un des supports de cours que j’utilise. Les élèves me font remarquer que la réponse dans le correctif n’est pas juste. Ou bien je vois des fautes d’orthographe affreuses que je traîne probablement depuis des années.
Est-ce que ça leur fera moins bien apprendre, que le support ne soit pas parfait ?
Non, probablement pas.
Est-ce que si j’avais choisi de garder toutes ces ressources pour moi seule, ça aurait été positif pour tous les profs qui ont pu les utiliser ?
Non, probablement pas.
Même si les ressources sont imparfaites, elles sont sûrement une aide pour certains profs. Pour d’autres profs, qui sont plus loin que moi dans leur carrière et dans leur création de cours, elles sont probablement peu intéressantes, et il n’y a aucun souci avec ça ! J’en suis à un point de ma carrière où j’espère encore beaucoup évoluer et améliorer mes cours et ma façon de faire. Mais partager des choses imparfaites me permet d’évoluer plus vite grâce aux retours que je reçois !
Une autre réflexion : entre une idée "parfaite" qui te prend des jours entiers de réalisation et 15 idées très imparfaites qui sont implémentées malgré tout... à ton avis, où auras-tu le plus de résultats ?
Une critique que je reçois souvent sur mes ressources, c’est qu’elles ne sont pas “jolies”. J’ai fait le choix de ne pas perdre du temps à faire des jolies mises en page avec des images, des couleurs, des
dessins illustratifs, car pour moi, c’est beaucoup plus productif de créer plus de ressources “moches”, donc imparfaites, mais de les tester et les mettre en place rapidement, que de passer des heures à perfectionner une ressource pour qu’elle soit jolie, mais que du coup je ne puisse créer qu’une seule ressource. Et comme au final je suis sûre que je la modifierai encore les années suivantes, est-ce que ça valait vraiment la peine de la rendre si “parfaite” ? Non, je ne crois pas.
Mieux vaut fait que parfait, ça permet donc de libérer notre potentiel créatif : on peut créer plus de choses si on ose les utiliser rapidement, même si ce n’est pas parfait.
On peut s’améliorer plus vite si on teste plus vite, si on ne passe pas trop de temps sur un premier jet, qui contiendra des erreurs de toute façon. Au final, ça permet donc d’être plus efficace !
Un autre point d’amélioration dans notre vie de prof, c’est tout ce qui est correction. Là encore, penser au mantra “mieux vaut fait que parfait” peut nous permettre de gagner un temps précieux, sans pénaliser les élèves. Plutôt que lire en détail toutes les copies de tous nos élèves, ce qui prend un temps de dingue (et ce qui nous pousse à repousser encore et encore la correction), est-ce qu’il ne faudrait pas se dire qu’une correction plus rapide, en se focalisant sur la réponse finale et sur quelques critères de réussite bien choisis, ça ne serait pas mieux ? Peut-être qu’on laissera passer quelques inexactitudes sur les feuilles de nos élèves, mais est-ce vraiment si grave ? On sait de toute façon qu’une note varie fortement d’un correcteur à l’autre, ou d’une correction à l’autre, même si c’est la même personne qui corrige. Donc, notre correction “rapide” donnera de toute façon une note globale similaire à celle qu’on aurait donnée en faisant une correction longue et détaillée. Est-ce qu’il ne serait pas plus pertinent, pour l’élève aussi, de ne pointer que LA grosse erreur impardonnable commise par l’élève ?
Je te partage encore un dernier exemple : dernièrement, j’essaie d’améliorer les supports que je donne aux élèves pour apprendre à résoudre des exercices. J’en ai déjà parlé dans d’autres épisodes, mais une chose qui est très efficace, c’est de leur fournir la résolution détaillée des exercices. Au départ, je voulais rédiger ces résolutions “parfaitement”, c’est-à-dire à l’ordinateur, en version numérique pour que ce soit plus propre et plus facilement partageable. Mais ça prend énormément de temps pour rédiger des résolutions complètes… J’ai donc finalement décidé de faire quelque chose d’imparfait (encore), mais d’utilisable beaucoup plus rapidement. Je rédige les résolutions complètes à la main… et j’ai constaté que plusieurs élèves préfèrent les résolutions manuscrites ! Car j’ai quand même fait certaines résolutions à l’ordinateur, donc ils reçoivent parfois des versions manuscrites et parfois des versions dactylographiées.
Je pourrais encore te donner pas mal d’exemples, qui vont tous dans le même sens.
Mieux vaut fait que parfait, c’est nous pousser à nous lancer, à expérimenter, et à accepter que tout ne soit pas parfait. Finalement, c'est comme ça qu’on progresse le plus vite !
Donc, la prochaine fois que tu as peur de tester quelque chose de nouveau, répète en chœur avec moi : Mieux vaut fait que parfait ! Mieux vaut se lancer, et avancer, même d’un petit pas, plutôt qu’attendre encore et encore, et finalement ne rien faire de nouveau, et donc faire du surplace… ce qui est très loin d’être parfait!
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