Cette année, je donne le cours de 5e physique pour la première fois. En tant que chimiste, c’est un petit challenge au niveau de la matière, plus que lorsque je dois enseigner de la chimie ! Comme ça fait longtemps que je n’ai plus préparé de nouveau cours de zéro, je trouvais ça intéressant de te partager tout mon processus. J’ai su que j’allais donner ce cours fin juin, j’ai donc eu les vacances d’été pour m’y préparer.
Rassembler mes ressources
Pour commencer, et avant de me lancer concrètement dans la préparation du cours, j’ai été voir le programme pour bien comprendre quels chapitres je dois enseigner, et, encore plus important, j’ai discuté avec les autres profs qui donnent ce cours d’habitude, pour savoir si la matière donnée en classe correspond réellement au programme. Et comme je m’y attendais, il y a des différences, puisque les élèves arrivent presque toujours en 5e avec des lacunes des années précédentes en physique.
J’ai pris le temps d’échanger avec la collègue qui donnera le même cours l’année prochaine, pour qu’on soit au clair sur l’ordre des chapitres, en tout cas pour les premiers mois de l’année. On a aussi discuté du pourquoi de cet ordre, pour voir s’il était pertinent de faire autrement ou pas. Elle m’a montré ce qui est disponible au laboratoire de physique, et quelles expériences elle a l’habitude de faire. J’ai aussi récupéré son cours que j’ai photocopié, pour avoir une idée plus précise de ce qui est donné aux élèves et du formalisme utilisé, car je pense qu’il est plus simple pour les élèves si on utilise le même formalisme et qu’on est les plus cohérentes possibles sur ce qu’on demande aux élèves. Par contre, comme c’est une physicienne, je suis à peu près sûre qu’elle sera plus rigoureuse que moi, vu que ça sera ma première fois et que je n’ai pas la même formation qu’elle. Mais ce n’est pas grave, il faut bien commencer quelque part pour pouvoir s’améliorer par la suite !
Ensuite, j’ai pris le temps d’explorer toutes les ressources que j’avais déjà chez moi, car je ne pars pas de zéro. D’où l’intérêt de bien ranger toutes nos ressources, même celles qu’on n’utilise pas pendant des années. J’ai à disposition plusieurs manuels de physique, d’autres ressources de sciences glanées au fil des années dans les congrès ou journées de formation suivies, des sources web que j’ai sauvées dans ma base de donnée “au cas où”. Bref, j’ai en fait plein de choses sur lesquelles me baser pour construire ce cours.
J’en ai aussi profité pour faire un nouveau classeur qui regroupe tous les documents papiers utiles pour mon futur cours : photocopies du cours de ma collègue, anciens exercices retrouvés, ancien examen d’un autre collègue… Tout ce qui pourra m’être utile est rassemblé au même endroit !
Apprendre la matière
Une autre partie importante et à ne surtout pas négliger lorsqu’on donne un cours pour la première fois, surtout lorsqu’on n’est pas totalement à l’aise avec la matière à donner, c’est de se mettre à jour !
Je n’ai plus fait de physique de ce niveau depuis 15 ans, il est donc primordial selon moi de suivre quelques cours et de m’y remettre avant de me retrouver devant les élèves. Et comme on a toujours quelques élèves qui aiment creuser et aller plus loin que ce qui doit concrètement être vu en classe, il ne faut pas avoir peur d’aller plus loin que la surface. J’ai donc suivi plusieurs cours, soit des cours en ligne à l’écrit, soit des vidéos sur YouTube ou sur la Khan Academy, qui permettent d’aller plus en profondeur dans la matière que ce qui se trouve dans les manuels. Evidemment, ça ne remplace pas un master en physique, mais c’est intéressant de maitriser la matière mieux que les élèves !
Je m’attends bien sûr à me retrouver face à des questions auxquelles je n’aurai pas de réponse sur le moment, et j’aurai donc une attitude très claire envers les élèves ; j’apprends en même temps qu’eux, et s’ils me posent une question à laquelle je ne sais pas répondre sur le moment, c’est trop cool parce que ça veut dire que je vais pouvoir apprendre quelque chose en plus ! J’irai chercher la réponse chez mes collègues, dans des livres ou sur le net, et je reviendrai vers eux au cours prochain.
Pour apprendre la matière, j’ai même décidé de me lancer dans l’utilisation d’une boite de Leitner. C’est une boite qui permet de ranger des flashcards sur 7 niveaux et de les apprendre grâce à la répétition espacée. J’entends parler de cette méthode depuis un moment, mais je n’avais pas de nouvelle chose concrète à apprendre par coeur, jusqu’à maintenant.
Comment ça marche ?
La boite comporte 7 compartiments successifs. Quand on veut apprendre quelque chose, on l’écrit sur une flashcard que l’on range dans le premier compartiment. Chaque jour, on va passer en revue les flashcards dans un ou plusieurs compartiments ; si on connait la réponse, la carte avance d’un compartiment. Si on se trompe, elle retombe dans le compartiment n°1. Quand la carte arrive dans le dernier compartiment, le n°7, et qu’on connait la réponse, alors on l’enlève de la boite. Pour que l’espacement soit optimal, on suit un petit guide qui nous dit quels compartiments réviser chaque jour.
Tester la méthode me permettra, en plus, de mieux en parler aux élèves !
Je me suis aussi fait un cahier de physique, dans lequel je prend des notes et je structure toute la matière qui me semble importante. Je note les définitions, les notations à utiliser, les formules, les démonstrations pertinentes et tout ce que j’ai envie de garder sous la main pour le jour où je donnerai concrètement le cours devant les élèves. C’est un peu mon “copion” que j’aurai sous la main en classe, en cas de doute.
Planifier l’année
Ensuite, je me suis lancée dans une planification grossière de l’année. Je regarde combien de cours je vais avoir sur l’année, j’enlève 15% des cours pour toutes les surprises qui vont arriver (jours fériés, sorties, maladies et autres imprévus), et je décide combien de cours je vais consacrer à chacun des chapitres prévus. Comme c’est une première, c’est vraiment une estimation à la grosse louche, sur base de ce que ma collègue me dit de sa planification, et de mon impression par rapport à la difficulté et la quantité de matière.
Une fois que j’ai défini le nombre de cours que je vais avoir pour traiter du premier chapitre, je me lance dans sa confection. Comme il y a 4 chapitres sur l’année, je voudrais que les deux premiers soient entièrement terminés pour la rentrée. Je sais que je suis plus sereine quand le gros du travail est réalisé avant septembre, car je préfère bosser un peu plus l’été et avoir moins à faire pendant l’année ; ça me retire du stress au quotidien. Pour le reste des chapitres, j’y travaille si j’ai le temps et l’énergie, mais ce n’est pas une priorité car c’est plus loin dans l’année. Peut-être que ma planification devra être revue, que les premiers chapitres prendront plus de temps et que je devrai abandonner des choses, donc pas la peine de tout boucler jusqu’à la fin de l’année. Je prévois les grandes lignes, mais pas encore toutes les activités détaillées.
Construire le premier chapitre
Cette année, grâce à l’IA, la confection des chapitres est grandement facilitée. Pour concevoir le chapitre sur le mouvement circulaire uniforme, qui commencera mon année, j’ai utilisé ChatGPT comme assistant pour me donner des idées d’activités variées, pour m’aider à rédiger des résolutions d’exercices et me débloquer quand j’étais perplexe face à un énoncé, et pour rédiger des documents plus rapidement.
Attention bien sûr à tout relire et à d’abord maitriser la matière avant de se lancer dans l’utilisation d’une IA qui pourrait nous dire des bêtises ! Mais pour la rapidité d’écriture et la génération d’idées, elle m’a été bien utile.
Ensemble, nous avons donc rédigé la théorie à enseigner aux élèves, à laquelle j’ai ajouté quelques schémas importants. J’avais déjà rédigé des fiches d’exercices de MCU, donc j’ai pu les récupérer et avoir une grosses base de données d’exercices pour m’entrainer, et puis pour entrainer les élèves. J’ai résolu à la main tous les exercices pour vraiment intégrer tout ce qu’il faut apprendre aux élèves, et bien sûr pour être à l’aise personnellement face aux résolutions.
J’ai aussi rédigé 3 activités à réaliser en classe. Est-ce que j’aurai concrètement le temps de le faire ? Je ne sais pas encore, mais au moins elles sont prêtes ! Et peut-être le plus important ; j’ai défini les objectifs d’apprentissage pour ce chapitre, c’est-à-dire ce que les élèves devront être capable de faire en évaluation.
Pour la rentrée, j’ai donc toutes les ressources nécessaires prêtes à être utilisées, sauf les évaluations qu’il faudra mettre en page, et choisir les exercices dans ma base de données d’exercices. J’ai eu le temps de faire ce travail pour les deux premiers chapitres avant la rentrée, je suis donc tranquille normalement jusqu’à janvier.
Mon premier cours
Au moment où j’enregistre, j’ai déjà eu deux semaines de cours avec les élèves. Je peux donc te parler aussi de mon ressenti après ces quelques premières heures de cours. Je me retrouve devant des élèves qui ont envie d’aller loin en physique, qui sont motivés et curieux, et je sens que je suis moins à l’aise que lorsque je leur donne cours de chimie, puisque j’ai déjà donné ce cours-là une dizaine de fois ! C’est clairement stressant pour moi d’être dans cette position, mais je pense que je me met un peu trop la pression, car les élèves ont l’air exactement pareil quand je leur parle de physique ou de chimie…
La ressource qui me rassure le plus quand je suis en classe, c’est mon cahier dans lequel j’ai pris clairement notes des choses les plus importantes ; je l’ai sous les yeux au cas où, et je peux vite y jeter un oeil si j’ai un doute.
J’ai évidemment déjà eu des questions de mes élèves les plus curieux (je m’y attendais, puisque je connais ces élèves de l’année passée), et le fait d’avoir vraiment retravaillé la matière pendant l’été, d’avoir pu en discuter avec d’autres profs de physique quand j’avais des questions, ça m’a clairement permis de pouvoir répondre sans problème à certaines questions plus pointues.
C’est un super chouette challenge, et pour le moment je m’amuse beaucoup à revoir tout ça et à créer des nouvelles ressources. Et le gros bonus c’est que ça me permet de voir des élèves 4 heures par semaine (2h en chimie et 2h en physique), alors que d’habitude je ne vois mes élèves qu’une fois sur la semaine. Et c’est quand même vachement chouette de pouvoir retrouver un même groupe plusieurs fois !
Conclusion
Alors voilà, ma recette personnelle pour préparer un nouveau cours, en résumé, c’est :
prendre un maximum de renseignements auprès des collègues qui ont de l’expérience
rassembler les ressources déjà existantes et les réutiliser : les nôtres et celles des autres
se plonger dans la matière pour la maitriser le plus possible, si jamais c’est une matière où on n’est pas experte
planifier son année, au moins grossièrement
créer le premier chapitre dans sa totalité avant la rentrée (ou plus si jamais on trouve le temps)
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