Les 7 priorités de sa première année de prof

Ça y est, tu as enfin ta première affectation dans une école ! Que tu sois directement sortie des études ou en reconversion professionnelle, ta première année à enseigner arrive, et tu vas devoir t’adapter à un nouveau monde. Tu vas découvrir le fonctionnement de ton école, la préparation des cours, la gestion des classes, la communication avec les collègues et les parents, et encore tout un tas d’autres choses auxquelles tu n’avais pas du tout pensé avant de te lancer dans cette carrière. Il y a de quoi en perdre la tête, et son organisation ! Voilà pourquoi je te propose dans cet épisode les quelques points sur lesquels focaliser ton attention lorsque tu débutes pour ne pas te faire submerger.

1. Choisir son organisation

Être prof, c’est devenir un maître de l’organisation : il faut jongler entre plus d’une centaine d’élèves, autant de parents qui veulent vous contacter, peut-être autant de collègues si tu es dans une grande école, plusieurs nouveaux cours à préparer (parfois de zéro), de nouvelles pratiques à découvrir et à devoir respecter, un timing serré pour boucler le programme, de nouveaux espaces pas toujours optimisés, du matériel qui ne fonctionne qu’une fois sur deux ou qui a disparu, et du temps qui semble s’envoler toujours plus vite ! Pour s’épanouir au milieu de tout ça, il va te falloir une organisation béton.

Nous fonctionnons tous différemment, et nous avons donc tous besoin d’un type d’organisation différent. Je te partage ma façon de faire dans ce podcast, mais ce qu’il te faut surtout, c’est trouver une organisation qui te convienne, qui colle avec ton style de vie et qui te permette concrètement de fonctionner dans ton job.

Quelques pistes de réflexion et quelques questions auxquelles tu devras rapidement trouver une réponse :

- Quand et où vais-je faire mes préparations ?

- Quand et où vais-je faire mes corrections ? Où ranger mes piles de corrections pour ne pas les égarer ou les oublier ?

- Quels objets vais-je mettre dans mon sac pour toujours les avoir avec moi ? Comment transporter tout ce dont j’ai besoin jusqu’à ma classe ? Qu’est-ce que j’ai réellement besoin de prendre avec moi tout le temps ?

- Quels sont les outils qui me sont imposés par mon école ou par mon PO (pouvoir organisateur) ? Où puis-je les trouver et comment me les approprier ?

- Quelles sont les règles de l’école que je dois maîtriser sur le bout des doigts dès la rentrée ?

- Sur quels collègues je peux compter si j’ai des questions sur le fonctionnement de l’école ? Et sur les cours spécifiques que je donne ?

- Quels sont les moyens de communication utilisés par l’école, entre collègues, avec le personnel administratif, avec les parents et avec les élèves ? Où trouver les différentes procédures à suivre pour communiquer efficacement ?

- Quelles sont les pratiques d’évaluation dans mon école et comment faire pour les respecter ?

2. Connaitre les procédures et règles de l’école sur le bout des doigts

Comme je l’ai déjà dit dans mon premier point, connaitre les spécificités de ton école est super important. C’est difficile ; tu débarques dans un nouvel endroit, peut-être que tu viens d’une autre école où les règles étaient forts différentes, mais il va te falloir t’adapter le plus rapidement possible ! Tu vas vite constater que les élèves, eux, connaissent les règles sur le bout des doigts… et ils vont sûrement te tester pour voir si tu les maitrises bien ! C’est normal, ce sont des ados ! Il va donc te falloir être très sûre de toi pour être capable de leur répondre directement. C’est super important pour te faire ta place face aux élèves, mais également pour instaurer le plus de cohérence possible entre les différents profs de l’école. Si les élèves sont continuellement face aux mêmes règles, il est beaucoup plus simple de les faire respecter.

Si tu es face à un élève et que tu n’es pas sûre de la règle à appliquer, n’hésite pas à dire que tu vas vérifier et à revenir vers l’élève la prochaine fois que tu le vois. Avoir un discours clair et faire confiance à l’élève s’il affirme que la règle dit ceci, ça me semble être une très bonne chose, mais pour garder ta crédibilité, note quelque part que tu dois vérifier si c’était bien la vraie règle de l’école, et revient ensuite vers l’élève pour qu’il prenne conscience que tu n’as pas oublié et que tu t’es vraiment renseigné. Que ce soit pour dire à l’élève que la règle n’était pas celle-là, et que tu dois donc lui faire une remarque ou corriger quelque chose, ou que ce soit pour le remercier de t’avoir informé correctement, ce retour me semble très important pour établir une bonne relation avec tes classes.

3. Communiquer avec ses collègues directs pour avoir des astuces

Quand tu débarques dans une nouvelle école, il y a de fortes chances qu’une équipe de profs de ta matière soit déjà présente depuis quelques temps. Cette équipe se connaît bien et travaille ensemble depuis plusieurs années. Ils ont déjà leur fonctionnement, leurs habitudes, leurs outils de prédilection, leurs places favorites, leurs astuces pour obtenir le budget qu’ils veulent pour le matériel de laboratoire ou encore les bonnes adresses pour les sorties scolaires intéressantes (et j’en passe). Bref : ce sont tes nouveaux alliés !

Je sais que c’est difficile de débarquer dans une équipe bien rodée et d’être la nouvelle qui ne connaît encore rien (je déteste ça…), mais c’est à toi de te forcer à faire le premier pas si eux ne viennent pas spontanément vers toi ! Dans beaucoup d’écoles, tu vas avoir une personne de référence qui est là pour guider les nouveaux enseignants ; avec un peu de chance, ce sera ton cas. Mais si tu te retrouves seule au monde, va vers les autres profs de ta matière le plus possible dès le départ, car c’est grâce à eux que tu vas pouvoir te développer pleinement dans cette école.

Petit bonus si tu es face à des collègues partageurs (et je suis sûr qu’il en existe dans toutes les écoles) : tu n’es pas la première personne à devoir donner les cours que tu dois enseigner cette année, il existe donc certaines des ressources déjà prêtes pour tous les cours dans les dossiers des autres professeurs. À toi de demander si tu peux t’en inspirer !

4. Utiliser des cours déjà existants

Pour rebondir sur ce que je viens de dire : s’il existe des cours tout faits, utilise-les !! Tu es peut-être super motivée pour te lancer dans la création de tes 5 nouveaux cours à donner mais, mon conseil pour ne pas craquer avant la fin de l’année, c’est d’utiliser ce qui existe déjà. Concentre-toi sur un seul cours que tu veux créer cette année, mais pour tous les autres, récupère un maximum de choses déjà faites. Ce n’est peut-être pas ton style, ou ta manière de donner cours, mais c’est un bon point de départ que tu pourras améliorer et adapter par la suite. Il n’y a aucune honte à récupérer le travail déjà réalisé par quelqu’un d’autre (veille simplement à ne pas te l’attribuer), après tout, nous sommes d’abord enseignant et pas créateur de contenu pédagogique.

Plus tu avanceras dans ta carrière, plus tu pourras retravailler les différents cours que tu donnes et les améliorer petit à petit, jusqu’à en faire des cours qui te ressemblent et dont tu es fière. Mais les premières années, tu as déjà tellement d’autres choses à faire et à apprendre qu’il vaut mieux prendre l’aide qu’on reçoit. Ce n’est qu’après 4 années à avoir enseigné le même cours que je commence à être satisfaite de la manière dont je donne le cours de 4e sciences de base, par exemple ! Et si tu ne trouves pas ton bonheur directement chez tes collègues, internet regorge de groupes de partage entre profs ou de sites de profs qui montrent comment ils donnent leurs cours. Beaucoup de choses sont partagées gratuitement, mais certaines ressources payantes sont également disponibles et ce marché se développe de plus en plus dans les pays francophones. Aux États-Unis, cela fait plusieurs années déjà que des enseignants vendent leurs ressources à d’autres enseignants, et tout le monde trouve ça normal. Chez nous, c’est une pratique nouvelle, mais si tu veux gagner un temps précieux en dépensant quelques euros, qui peuvent même être remboursés par ton école, alors n’hésite pas ! Si tu es prof de sciences en secondaire en Belgique, tu peux par exemple découvrir mon Coffre aux Trésors où je te partage près de 300 ressources toutes faites pour donner cours de chimie, physique ou biologie. Je te mets le lien dans la description si tu es intéressée

5. Établir des rituels

Un autre point fondamental selon moi, c’est d’établir des rituels. Pour ton organisation personnelle et pour l’organisation de tes classes. Les êtres humains sont comme les autres animaux : ils ont besoin d’habitudes bien structurées pour être rassurés, savoir ce qu’on attend d’eux et ainsi pouvoir apprendre dans les meilleures conditions possibles. Et nous aussi, surtout quand on débute !

Un rituel est une pratique que l’on va répéter un grand nombre de fois, toujours au même moment (dans la journée, dans la semaine, au sein de l’heure de cours, etc.). Un rituel a des codes précis qu’il faudra mettre en place, et qui prendront du temps pour être enregistrés par tous. Un rituel n’a pas pour but de simplement mettre en place encore plus de règles contraignantes ; il doit être là pour aider, d’une manière ou d’une autre.

Tu peux imaginer toi-même tes rituels, ou tu peux t’inspirer de ce que tes collègues ont déjà mis en place dans leur organisation personnelle ou dans leurs cours (pose-leur la question !), ou encore tu peux t’inspirer de tout ce qui est partagé en ligne. Voici quelques exemples de rituels, si tu ne vois pas encore tout à fait de quoi je veux parler :

Exemples de rituels d’entrée en classe :

- Dire bonjour à chaque élève personnellement en restant à côté de la porte d’entrée.

- Attendre les élèves dans la classe, avoir déjà affiché/écrit au tableau les consignes du cours.

- Faire un micro-test de 5 minutes (j’en parle en détail dans l’épisode 2 du podcast).

Exemples de rituels d’organisation personnelle :

- Au réveil, s’étirer, boire un verre d’eau, faire 10 minutes d’exercice physique, prendre une douche, prendre son petit déjeuner.

- Au réveil, se faire un café, le boire en lisant ses mails, répondre aux mails directement.

- Tous les dimanches à 16h, planifier sa semaine jour par jour, heure par heure (et s’y tenir pendant la semaine !).

- Prévoir de rester à l’école tous les mardis après tes cours pour faire tes corrections, afin de ne pas rentrer chez toi avec une pile à corriger.

Si tu ne sais pas encore ce qui fonctionne pour toi, pas de soucis ! Essaie un rituel, teste-le pendant un laps de temps suffisant pour voir s’il te convient, et si ce n’est pas le cas, essaie autre chose. Si tu mets en place des rituels avec tes élèves, je pense qu’il est plus facile de s’y tenir sur une année complète, mais si tu vois que cela ne fonctionne pas, change !

Dernière petite astuce : partage ton rituel avec quelqu’un d’autre. Le fait d’annoncer que tu vas faire les choses d’une telle manière va te rendre “redevable” d’une certaine façon. Préviens ta classe que vous allez fonctionner comme ça toute l’année, pour te forcer à maintenir le rituel en place, même le jour où tu es fatiguée ou bien si tu oublies ; tu auras quelqu’un pour te rappeler à l’ordre ! Préviens tes colocs ou ton compagnon que tu vas désormais t’organiser de telle manière, pour qu’il soit au courant, t’encourage à le faire et te permette de le faire. C’est important !

6. Planifier son année pour ne pas être débordée aux moments-clés

Une année scolaire, ça passe vite. Très vite. Surtout aux moments où tu as besoin de temps en plus, car tu dois encore voir deux chapitres alors qu’il reste trois semaines de cours, ou que tu as une pile de correction monstrueuse qui t’attend encore, mais les bulletins doivent être remplis pour le lendemain. Et puis tu vas forcément tomber malade LA semaine où tu avais prévu de faire plein de laboratoires avec tes élèves et où personne ne peut te remplacer. Et quand tu reviens, tu te rends compte que la moitié de tes classes n’est en fait pas là, car tes élèves sont partis en excursion/en voyage scolaire/en visite médicale/confinés (biffe les mentions inutiles). Pour éviter de paniquer dans ces moments-là, il y a une clé magique : la PLANIFICATION !

Dès le début de l’année (ou même avant), il faut que tu penses à la planification annuelle de tes cours. Compte exactement combien d’heures tu auras pour chaque cours (en pensant à enlever tous les congés, les conseils de classe, les journées pédagogiques, les examens, les révisions, etc…) et enlève encore 15 % de cours, pour tenir compte de tous les imprévus que j’ai mentionnés plus haut. Ensuite, tu dois trouver comment faire rentrer ton programme dans ce nombre d’heures. La seule surprise que tu peux avoir dans ce cas-là, c’est de te retrouver avec des heures de cours en plus en bonus, si jamais tu as de la chance !

Pour établir cette planification, je me suis servie d’un tableau Excel pendant des années, où je reprenais les progressions de toutes mes classes. Cette année, je teste pour la première fois Notion, un logiciel de prise de notes et d’organisation. Si tu préfères une feuille et un crayon, c’est tout à fait possible aussi. Choisis l’outil d’organisation qui te convient le mieux, mais prends le temps de faire ce découpage annuel très tôt dans l’année, ça t’évitera beaucoup de moments de stress après !

7. Se préserver – c’est un marathon

Et enfin, “last but not least” comme on dit : préserve-toi. Être prof, ça prend beaucoup de temps et d’énergie. Il faut donc absolument que tu te trouves un moyen de décompresser, de t’amuser, de penser à autre chose, pour rester enthousiaste et motivée dès que tu te replongeras dans ton job et tes prépas. Prévois des plages horaires réservées à NE PAS travailler. Fixe des moments de loisirs et de détente dans ton planning. Trouve-toi des alliés dans ton école (ou en dehors) pour ne pas te retrouver seule face à une montagne de boulot. Et si tu débutes, n’oublie pas qu’on est tous passés par là, qu’on a tous été débordés lors de notre première année d’enseignement et qu'il faut du temps pour trouver l’organisation qui fonctionne pour nous, connaître notre école sur le bout des doigts, avoir des supers cours dont on est fiers et respecter nos planifications. Toi aussi, tu vas y arriver, mais il faut savoir prendre le temps qu’il faut pour ça.

Si tu veux en parler, n’hésite pas à me contacter sur Instagram, sur Facebook ou par mail, je suis toujours ravie de vous lire et d’échanger. Sur ce, je te souhaite une belle suite de journée. À bientôt!