Comment tu fais pour faire tout ça ?

Aujourd’hui, c’est Noël ! Je voulais donc en profiter pour te souhaiter de joyeuses fêtes, si jamais tu écoutes l’épisode au moment de sa sortie. Et si tu l’écoutes à un autre moment, j’espère que tu trouves des choses à fêter tout au long de l’année !


Pour l’épisode du jour, je me suis dit que j’allais essayer de répondre à une question que je reçois souvent : comment je fais pour faire tout ça ?


Tout ça, c’est donner cours, sortir un épisode de podcast par semaine, écrire une newsletter par semaine, répondre aux e-mails, créer des ressources et les partager.


Ce sera donc un épisode beaucoup plus personnel, où je te partage certaines choses de mon quotidien, mais sans aucune recherche ou base scientifique pour appuyer ce que je raconte.


L’épisode va peut-être être un peu décousu, parce que ce n’est pas évident de répondre à cette question. Pour arriver à faire tout ça, il y a en fait énormément de facteurs qui entrent en jeu. Certains qui sont évidents et très faciles à expliquer, et puis d’autres auxquels je ne pense probablement même pas… mais je vais essayer de te montrer comment tu peux toi aussi arriver à faire plus de choses, avec certaines astuces et une bonne organisation !


Tout d’abord, le point numéro un à savoir, c’est que je n’ai pas d’enfants. Pour beaucoup de profs, dès qu’on rentre à la maison, il faut se lancer dans son deuxième métier et gérer les autres personnes avec lesquelles on vit (enfants ou autres compagnons de vie). J’ai beaucoup de chance là-dessus ; je ne dois pas gérer de gosses, et mon compagnon se gère très bien tout seul. Il s’occupe même de faire les courses et de préparer tous les repas, ce qui me laisse encore plus de temps libre.


Une deuxième chose à savoir, c’est que je suis quelqu’un de plutôt solitaire et introvertie ; je n’aime pas sortir pour voir des gens et je suis très contente de rester chez moi sans voir personne pendant des semaines. Ma façon à moi de me ressourcer, c’est d’être au calme, de lire, d’apprendre de nouvelles choses, de me balader dans la nature ou d’être avec mes chevaux. Et ces habitudes sont porteuses pour avoir l’occasion de faire tout ce que je fais, puisque lorsque je lis, je peux lire des livres de pédagogie ou de neurosciences, qui me servent de base pour certains épisodes de podcast. Lorsque je me balade, j’ai presque toujours un podcast dans les oreilles pour découvrir des pratiques d’autres profs. J’ai besoin de toujours apprendre de nouvelles choses, que ce soient des nouvelles compétences ou des nouveaux savoirs. Et la meilleure façon d’ancrer ces nouveautés, c’est de prendre des notes, de faire des résumés de ce que j’apprends, de structurer le tout et de le transmettre… et en faisant tout ça, je construis les bases de certaines newsletters ou d’épisodes de podcast. Pour moi, une grande partie de toute cette création, je l’assimile à du loisir, vu que j’adore faire tout ça.


Alors bien sûr, ce n’est pas aussi simple que ça et il faut une grosse organisation derrière pour que tout tourne et que des contenus soient produits chaque semaine, en plus de mon job de prof.

Mais la troisième chose à savoir sur moi, c’est que je me considère comme quelqu’un de très organisé. Depuis aussi longtemps que je me souvienne, m’organiser a toujours été quelque chose de facile. À l’école, j’ai toujours eu un journal de classe en ordre. Dès que je n’ai plus été obligée d’avoir le journal de classe de l’école, j’ai eu un agenda personnel dans lequel je prenais note de tout. Je ne compte plus le nombre de carnets de notes que j’ai eus, depuis mon adolescence, où j’écrivais tout et n’importe quoi. J’ai toujours eu des calendriers autour de moi, que je ne regarde à peu près jamais car le simple fait d’écrire quelque chose dessus me permet de le garder en mémoire (si la date n’est pas trop lointaine). J’aime bien être organisée, et je ne sais pas évoluer dans un environnement qui n’est pas un minimum organisé. Là je te parle d’organisation dans le temps, mais c’est un peu pareil pour l’organisation de l’espace ; j’ai besoin que mon bureau soit bien rangé, mes prépas de cours sont classées dans différentes fardes et, globalement, mon chez-moi doit être bien rangé (ce qui n’est pas toujours simple quand la personne avec laquelle on vit évolue dans un monde bordélique, de mon point de vue en tout cas).


Toutes ces choses me permettent donc aujourd’hui de jongler sans trop de problèmes avec un trois quarts temps d’enseignante + la création de toutes les ressources auxquelles tu as accès, sans me sentir débordée. Alors bien sûr il y a des moments de l’année où je cours quand même un peu après le temps, mais ça arrive surtout quand je suis malade pendant une semaine et que je dois “rattraper” cette semaine après, particulièrement si j’avais prévu d’enregistrer des épisodes de podcast mais que je n’avais plus de voix, par exemple.


Mais pour arriver jusque-là, ça ne s’est quand même pas fait du jour au lendemain. J’ai pris du temps à développer un système d’enseignement qui me permette d’avoir du temps libre en dehors des cours, car c’est ça le truc le plus important pour pouvoir faire ce qu’on a envie de faire : ne pas se sentir prisonnière de ses prépas, de ses corrections ou de ses élèves.


C’est donc vraiment un fonctionnement personnel, un système global d’enseignement ET d’organisation qui me permet de faire tout ça.



Le fonctionnement personnel, chacun a le sien, et si tu aimes passer plein de temps à sortir et à voir du monde, ou que tu dois t’occuper de plusieurs enfants en bas âge, c’est normal que tu aies moins de temps libre que moi. J’ai l’impression que c’est un facteur sur lequel tu n’as pas beaucoup de pouvoir, et que si tu fonctionnes d’une certaine façon ou que tu as des personnes à charge à gérer… ben c’est comme ça et puis c’est tout. Tu ne peux rien y faire.

Par contre, le système d’enseignement et l’organisation, ça, ce sont deux points sur lesquels tu peux agir. En les optimisant, tu peux probablement gagner du temps, et arriver à faire plus de choses que ce que tu fais maintenant. Que ce soit pour toi ou pour l’école, ça, c’est à toi de voir.



Donc je vais essayer de t’expliquer quel système d’enseignement j’ai développé pour que je ne passe presque plus de temps chez moi à travailler pour l’école, que ce soit pour préparer mes cours mais aussi pour faire mes corrections. Je ne suis pas encore totalement satisfaite de mon système, et chaque année il évolue, mais je peux te donner une vision d’ensemble de ce à quoi il ressemble aujourd’hui, dans ma 7e année d’enseignement dans une école secondaire.


Pour commencer, mon gros avantage (et je suis probablement privilégiée là-dessus), c’est que j’étais dans le monde de l’enseignement avant même de devenir prof. J’ai fait 6 années de recherche sur le monde de l’enseignement, durant lesquelles j’ai pu rencontrer pas mal de profs et visiter beaucoup d’écoles. J’ai une maman prof, ce qui m’a permis d’avoir une personne de référence avec qui discuter avant même de commencer à enseigner, et qui avait déjà plein de ressources pour enseigner, même si ce n’était pas toujours pour les cours que j’allais moi-même donner.


Lors de ma première année en école secondaire, j’ai débuté avec un temps partiel puisque je n’avais que 13 h de cours par semaine (au lieu de 20 pour un temps plein). Alors évidemment, au niveau argent, ce n’était pas folichon cette année-là. Mais ça m’a permis de faire une première année sans être surchargée, et de pouvoir prendre le temps de construire des premières séquences de cours… que je n’utilise plus du tout aujourd’hui. Mais petit à petit, chaque année, j’ai pu construire sur ce que j’avais créé les années précédentes. Et pour moi, c’est ça la première chose importante pour se construire un système d’enseignement : créer des ressources recyclables et transformables.


Chaque année, je me suis basée sur ce que j’avais déjà trouvé et utilisé l’année précédente. Mais pour y arriver, il faut pouvoir retrouver ce qu’on avait l’année précédente. C’est là qu’avoir un bon système de rangement entre en jeu. Chaque année, à la fin de chaque période, je prends le temps de ranger correctement toutes mes ressources. Au départ, j’avais une farde pour chaque cours (5e chimie, 4e sciences de base…). Au fil des années, j’ai dû multiplier les fardes, et maintenant j’ai plutôt une farde pour deux ou trois chapitres. Cet été, j’ai encore amélioré mon système de rangement et j’ai classé toutes mes ressources au sein d’un chapitre, pour les retrouver encore plus facilement ; j’ai séparé la théorie, les laboratoires, les exercices, les évaluations et les documents divers. Pour moi, ce sont ces choses-là qui sont primordiales à faire pendant les vacances, pour pouvoir être efficaces durant l’année.


Une autre partie de mon système qui est fondamentale, c’est de prendre le temps de réaliser une planification annuelle des apprentissages des élèves, et de la mettre à jour durant l’année, en prenant des notes. En été, je prends le temps d’analyser le calendrier de l’année scolaire, et je compte le nombre de cours que je vais avoir pour chaque cours que je donne, en enlevant tous les congés, tous les jours de formation, les semaines d’examens et de révisions, et en enlevant encore deux ou trois cours qui vont sûrement tomber durant l’année, car les élèves seront en sortie ou bien moi je serai malade. À partir de là, je détermine le temps maximal à accorder à chaque chapitre, et je fais parfois le choix de supprimer entièrement l’un ou l’autre chapitre (car certaines années, je me retrouve dès septembre à savoir que j’aurais l’équivalent de 7 semaines de cours en moins que d’autres années - c’est véridique, je te jure). Et de nouveau, pour que ce travail ne me prenne pas un temps dingue chaque année, je réutilise ma planification des années précédentes.


Pour le moment, on n’a pas encore parlé de mon fonctionnement en classe. La façon d’imaginer son cours face aux élèves, c’est aussi un point primordial pour se dégager du temps. Car, crois-le ou non, il m’arrive régulièrement de n’avoir “rien à faire” en classe, et de pouvoir m’occuper en faisant autre chose que de gérer les élèves qui sont devant moi. Plutôt que de devoir faire mes corrections à la maison ou durant mes heures de fourche, très souvent, je fais mes corrections DURANT mes heures de cours, soit pendant les évaluations d’autres classes, soit pendant que les élèves travaillent sans avoir besoin de moi. Pour y arriver, il n’y a pas de secret : il faut que les élèves deviennent autonomes.


De nouveau, je pense que je suis privilégiée par rapport aux élèves qui se trouvent devant moi ; je donne cours aux élèves de 4e, 5e et 6e secondaire, donc l’équivalent du lycée en France. Ce sont des élèves plus âgés, donc il me semble qu’il est plus facile de les rendre autonomes. J’ai aussi beaucoup de classes plus petites, puisqu’il s’agit de cours de sciences générales, où les classes ne peuvent pas dépasser 16 élèves. Et je vois bien à quel point il est plus facile de mettre tout ça en place dans ces classes-là. Mais ça ne m’empêche pas d’y arriver aussi quand je donne cours à 25 élèves de sciences de base, même si c’est un plus grand challenge !


En pratique, comment faire pour se dégager du temps pour travailler durant ses cours ? Il faut fournir suffisamment de ressources aux élèves pour qu’ils puissent travailler en autonomie. Pour ça, il m’a fallu quelques années pour créer assez de fiches de travail en autonomie, ainsi que d’autres activités que les élèves peuvent réaliser sans que j’aie besoin d’intervenir. Si les élèves peuvent travailler seuls, ou en groupe, durant 20 ou 30 minutes, sur une activité spécifique, il suffit d’avoir une bonne gestion du bruit et de la mise au travail pour pouvoir se focaliser sur autre chose. Plus facile à dire qu’à faire, au moins au début… C’est sur ce point-là que c’est encore challengeant dans des grandes classes, car le bruit monte vite, et s’il y a du bruit, je ne sais pas me concentrer pour travailler sur autre chose. Après avoir développé toutes mes ressources, c’est donc du côté d’une meilleure gestion de classe que j’ai dû me tourner. Et cette année, c’est la première année où j’ai l’impression d’arriver à avoir une classe calme, avec des élèves qui chuchotent du début à la fin, et ce même si je débarque à l’improviste dans une classe que je ne connais pas ! Je me suis pas mal formée là-dessus, et je ne vais pas tout détailler aujourd’hui, mais tu peux aller lire l'article “3 erreurs que tout le monde fait en gestion de classe” ou “La mise en place du cadre en début d’année” où tu peux y trouver quelques conseils. Et pour la suite, durant tout le mois de janvier, je vais publier des articles sur la gestion de classe, donc affaire à suivre !


L’autre moment où tu peux avoir du temps pour toi durant les cours, c’est pendant les évaluations. Je remarque qu’au fil des années, je fais de plus en plus d’évaluations dans mes classes, et qu’elles ont tendance à être plus courtes. Avant, je réalisais une grosse évaluation, sur deux périodes de cours d’affilée, à la fin de chaque chapitre. Maintenant, mes évaluations sont plus fréquentes et plus courtes. En plus d’être plus efficace pour l’apprentissage des élèves, ça me permet d’avoir plein de moments, chaque semaine, pour corriger. Sur une semaine, j’ai souvent trois ou quatre évaluations, et je corrige chaque évaluation durant le prochain cours où j’ai une évaluation. Donc par exemple je fais passer une évaluation le lundi matin, puis une autre le mardi matin ; durant l’évaluation du mardi, je corrige celle du lundi. Et l’évaluation du mardi sera corrigée durant le cours suivant où j’ai des élèves en évaluation, ou en autonomie. Les seuls moments où je corrige en dehors des cours, c’est quand je demande un gros travail à mes élèves. J’essaie alors de programmer la date de rendu de ce travail juste avant une journée de conseil de classe, car je dois assister à énormément de conseils de classe où je n’ai que quelques élèves par classe et où je m’ennuie si je n’ai rien d’autre à faire. Si ce n’est pas ton cas, l’idée c’est de penser à la date de remise du travail en fonction de toi ; quand est-ce que tu sais que tu auras du temps pour corriger ce travail ? Si tu n’as pas le temps de le corriger, alors ne donne pas ce travail.


Passons maintenant à un autre aspect qui prend du temps dans notre vie de prof : les photocopies. Je déteste devoir me lever plus tôt pour arriver à l’école en avance et devoir faire mes photocopies en dernière minute pour la première heure de cours du matin. Pour éviter ça, il faut évidemment arriver à avoir des préparations prêtes bien à l’avance, ce qui n’est pas facile lors de ses premières années. Mais maintenant, j’y arrive très régulièrement. Et ce que je fais, c’est que je planifie mes impressions. Au début d’une période, je prends le temps de passer une heure à côté de la photocopieuse, sur une de mes heures de fourche ou en fin de journée, et j’imprime toutes les copies dont j’ai besoin pour tous mes chapitres sur toute la période. Alors, évidemment, j’oublie toujours quelques petits trucs, mais en faisant ça, je sais que la très grande majorité de mes copies sont prêtes jusqu’aux vacances suivantes. Ça ne fonctionne juste pas pour mon premier cours du lundi matin, et j’essaie donc de penser juste à ce cours-là la veille des vacances, car je sais que ça me soulagera pour la rentrée (car en plus, le jour de la rentrée, tout le monde veut imprimer des choses le matin avant les cours).



Pour tout ce qui est organisation, si tu me suis depuis un certain temps, tu sais que je gère tout sur Notion. Que ce soit mon organisation personnelle ou professionnelle, TOUT est sur Notion. En ce moment, je suis d’ailleurs en train de rédiger le script de cet épisode sur Notion, et lors de l’enregistrement, je lis ce script, toujours sur Notion. Si tu ne sais pas du tout ce qu’est Notion, je te renvoie à l’épisode 34 “Mon outil magique d’organisation”, où je te présente tout ce que je fais avec. Je ne vais pas tout répéter dans cet épisode-ci, et je verrai si je refais un épisode plus détaillé dans les semaines à venir.



Pour finir cet épisode, je voudrais insister encore sur une petite chose qui me permet de faire tout ce que je fais : je m’impose d’avoir du temps libre, du temps pour moi, où je ne fais rien pour l’école. C’est en me forçant à faire d’autres choses, à laisser mon esprit vagabonder ailleurs, à le mettre en mode “diffus” et pas en mode “focus” (si tu ne vois pas de quoi je parle, il faudra aussi que je fasse un épisode là-dessus), que j’arrive à me ressourcer et à générer de nouvelles idées. À être trop focus sur notre travail, on n’arrive plus à s’améliorer et à se réinventer. C’est en allant faire d’autres choses qu’on peut, paradoxalement, trouver de nouvelles idées.


Et quand je suis fatiguée, que je suis malade ou simplement qu’il fait moche, froid, qu’il pleut des cordes et que j’ai la flemme, eh bien, je ne fais rien. Je m’accorde des journées à rester dans mon canapé, bien au chaud sous ma couette, à binge-watcher une série. Et à ce moment-là, si je dois envoyer une newsletter, je profite d’avoir tout enregistré dans ma base de données pour aller en rechercher une précédente et je la renvoie, en modifiant deux ou trois phrases.


Voilà, en très gros, comment j’arrive à faire tout ce que je fais.

Mon but en te racontant tout ça, c’est d’essayer de ne pas te culpabiliser si toi tu n’arrives pas à en faire autant. Tu n’as pas les mêmes contraintes que moi, tu n’as pas la même personnalité que moi, tu n’as pas les mêmes envies ou besoins que moi.

Il ne faut pas se comparer aux autres. Fais ce que tu as envie de faire. Essaie d’optimiser ton organisation et ton système d’enseignement si tu veux te libérer plus de temps libre, mais ce temps libre, il ne doit pas forcément être réinvesti dans de la création de cours. C’est toi qui décide de ce que tu fais avec ton temps. Et moi, je suis très contente de ce que je fais avec le mien. Mais je suis sûre que certaines personnes ne comprennent pas pourquoi je passe autant de temps à écrire des trucs, à apprendre de nouvelles choses, à me former et à créer des ressources. Moi, c’est ça qui me plaît.


Je ne peux que t’encourager à faire tout ce que tu peux pour te dégager du temps pour faire ce qui te plaît, à toi, sans te soucier de ce que les autres pensent.

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