Les facteurs qui influencent l’apprentissage

Aujourd’hui, je vais continuer à explorer cette magnifique méta-analyse réalisée par le groupe de recherche de John Hattie, dont je te parle depuis deux semaines déjà, et qui a étudié l’influence de centaines de critères sur l’apprentissage des élèves.

Je suis partie d’un point particulier, la pédagogie de la découverte, puis je t’ai proposé des idées d’amélioration par rapport à cette pédagogie particulière, mais je me suis dit qu’il était dommage de s’arrêter là, car il y a en réalité plein d’autres méthodes ou techniques que l’on peut mettre en place dans nos classes pour améliorer l’apprentissage.

Je te mets en lien un super site web qui recense tous les résultats de cette étude, en anglais, dans un grand tableau. J’ai pris le temps durant ces dernières semaines de le regarder en profondeur et de voir ce que je peux en retirer pour mon enseignement, et c’est ce dont je vais te parler aujourd’hui.

Je vais te donner une sélection de critères que j’ai choisis de retenir parmi les 350 critères étudiés par cette énorme étude, afin de te donner une idée un peu plus large de ce qui fonctionne (ou de ce qui ne fonctionne pas) en termes d’apprentissage.

Il y a énormément de critères étudiés (plus de 350) - j’en ai sélectionné certains sur base de mon intérêt personnel, sur ma compréhension de ce qu’ils veulent dire, sur leur intérêt dans l’enseignement des sciences, et aussi s’ils peuvent être appliqués dans nos écoles. Je ne reprends que les critères sur lesquels nous pouvons, en tant qu’enseignant, avoir une influence. Il y a des critères qui dépendent des parents ou des élèves eux-mêmes, dont je pourrais parler dans un autre épisode si ça t’intéresse, mais aujourd’hui je voudrais vraiment me concentrer sur ce que nous pouvons faire nous, en tant que prof, pour améliorer l’apprentissage de nos élèves.

que j’ai choisis de retenir parmi les 350 critères étudiés par cette énorme étude, afin de te donner une idée un peu plus large de ce qui fonctionne (ou qui ne fonctionne pas) en termes d’apprentissage.

Les effets étudiés ont été classés dans 5 catégories par les chercheurs, en fonction de leur impact sur la réussite des élèves :

Impact négatif probable
Impact positif léger probable
Impact positif probable
Potentiel d’accélération
Potentiel d’accélération considérable

Ici, je vais reprendre cette classification en l’adaptant légèrement pour que l’épisode soit un peu plus digeste à écouter. Je parlerai donc de critères qui ont un effet négatif, légèrement positif, positif ou très positif.

On peut également classer les critères étudiés en fonction de différents domaines :

l’influence de l’ambiance de classe
l’influence du programme d’enseignement
l’influence des méthodes d’enseignement
l’influence du professeur

On retrouve également l’influence de l’établissement scolaire, de l’ambiance à la maison ou encore des stratégies que l’élève peut lui-même mettre en place, mais je n’en parlerai pas aujourd’hui, puisque nous avons moins d’influence là-dessus en tant que profs (voire même pas du tout dans certains cas).

Je vais donc structurer cet épisode en parcourant une à une chacun des 4 domaines, en partant des critères qui ont un impact négatif et en avançant jusqu’aux critères qui ont l’impact le plus positif possible. Je ne vais citer la valeur précise associée à chaque critère, mais si tu veux obtenir plus de détails, tu peux aller lire l’article associé à cet épisode de podcast ou, encore mieux, tu peux aller regarder la méta-analyse toi-même !

Allez, c’est parti. Commençons par regarder ce qu’il est possible de faire pour améliorer l’apprentissage des élèves d’un point de vue de l’ambiance de classe.

Au sein de la classe

En tant qu’enseignant, nous avons évidemment un rôle important à jouer sur l’ambiance en classe, le calme, le respect, la mise au travail des élèves et l’ambiance bienveillante qui peut y régner. Mais tout n’est pas de notre ressort, et les élèves aussi ont un rôle important à jouer pour qu’une classe fonctionne bien.

Regardons ensemble ce qui peut être négatif au sein d’une classe et perturber les apprentissages.

Le harcèlement ou l’intimidation (-0,28)
La présence des smartphones en classe, sans utilisation pédagogique (-0,26)
L’élève ne se sent pas apprécié, que ce soit par ses camarades ou par l’enseignant (-0,26)
La dépendance prof/élève (-0,24) : si un élève dépend de l'enseignant pour avancer dans son apprentissage, pour son engagement dans le travail et pour recevoir du feedback.
Suspension/expulsion (-0,20) : Lorsque les élèves sont retirés de l'école de manière permanente ou temporaire.
Les classes multi-âges (-0,01) : Classes dans lesquelles des élèves de plusieurs âges ou niveaux scolaires partagent le même espace d'apprentissage, bien que les élèves conservent leurs devoirs respectifs au niveau scolaire. Bien que ces classes soient généralement créées administrativement par des écoles confrontées à une baisse des inscriptions ou du financement, certaines études ont montré que la transition vers une classe multigrade ou multi-âge n'a pas d'effet négatif sur les absences, les retards ou la réussite scolaire.

Ensuite, on peut regarder ce qui peut être légèrement positif pour les apprentissages.

Classes ouvertes ou flexibles (0,02), en opposition aux classes plus traditionnelles : Une salle de classe ouverte offre un espace flexible, permettant aux étudiants de choisir diverses activités et d'intégrer différents matériels d'apprentissage dans leur étude pendant les périodes d'enseignement en grand ou en petit groupe. Je m’étonne de trouver cette méthode dans une catégorie si basse, car les classes flexibles et autres plans de travail sont très à la mode en ce moment ! Avant de se lancer là-dedans, il est donc intéressant de réaliser qu’une classe flexible, même si elle peut avoir d’autres avantages, ne favorise pas spécialement les apprentissages.
Les groupes de niveaux (0,09) : ici, j’avoue que je suis un peu perplexe, car on trouve exactement au même endroit dans l’étude deux critères opposés ; le fait de réaliser des groupes de niveaux, et le fait de ne pas réaliser de groupes de niveaux. L’effet de l’un et de l’autre est exactement le même, et il est très faible.
Faire des pauses en classe (0,16)
La taille de la classe (0,17) : réduire le nombre d'élèves dans la classe n’a qu’un très léger effet positif, mais je n’ai pas regardé en détails les chiffres du nombre d’élèves dans les classes de l’étude.
Le climat de classe (0,29) : le sentiment de chaleur et de soutien dans un contexte d'apprentissage.
Le traitement du TDAH par les médicaments (0,30) : même si ça ne relève pas de notre pouvoir personnel, je trouve intéressant de voir que c’est positif pour les apprentissages de l’élève.
L’accompagnement prof-élève (0,32) : la conviction des élèves qu'ils se sentent soutenus en classe par l'enseignant.
L’amitié (0,35) : Le rôle que les amis peuvent jouer dans le bien-être social et émotionnel, la collaboration, la réussite scolaire et le statut social dans une classe.
L’intégration ou l’inclusion (0,52) : placer les élèves ayant des besoins spécifiques dans une classe d'enseignement général.

On arrive à ce qui est clairement positif pour les apprentissages.

La gestion de classe (0,43) : processus par lequel les enseignants maintiennent dans leurs classes un environnement d'ordre et de respect.
L’apprentissage en petits groupes (0,46) : les élèves sont regroupés en petits groupes au sein de la classe, cela crée une opportunité pour une compréhension plus approfondie du contenu.
Le sentiment d’appartenance (0,46) : les élèves se sentent respectés, inclus, acceptés et encouragés par les autres dans l'environnement social de l'école. Cette relation affective entre l’élève et la culture de l'école façonne l'engagement émotionnel, comportemental et cognitif d'un élève dans sa scolarité.
Relations enseignant-élève (0,62) : La qualité de la relation entre l'enseignant et l'élève, et dans de nombreux cas également les relations, ou l'absence de relations, développées par l'enseignant avec les élèves.

Enfin, les techniques qui sont les plus favorables aux apprentissages sont celles-ci :

Une forte cohésion de classe (0,66) : la classe est perçue comme équitable, respectueuse et vise à soutenir tous les élèves dans leur apprentissage. L'enseignant et les élèves travaillent ensemble pour atteindre des objectifs d'apprentissage.
Diminuer les comportements perturbateurs (0,82) : les perturbations provoquées par un ou plusieurs élèves en particulier ont une influence négative sur l'environnement de la classe dans son ensemble. Il est donc important de veiller à les minimiser au maximum. Ces comportements peuvent provenir de l'ennui, du manque d'attention, d’une tâche trop exigeante ou encore d’un élève qui ne se sent pas entendu.

L’ambiance de classe peut donc avoir un impact aussi bien positif que négatif sur les apprentissages des élèves. En tant que prof, il est donc important de veiller à maintenir une ambiance de classe propice aux apprentissages.

Ensuite, voyons l’influence du type de programme suivi, c’est-à-dire des matières enseignées aux élèves. Nous avons moins d’influence directe là-dessus en tant qu’enseignant, mais nous pouvons choisir de travailler dans une école qui accorde plus ou moins d’importance à certaines matières ou qui met en avant certains programmes. Je voulais aussi voir quelle est l’influence des matières scientifiques par rapport aux autres matières.

Le type de programme scolaire suivi

En une phrase : tout ce qui est enseigné a un impact positif, mais certains programmes ont un effet (beaucoup) plus important que d’autres. Je n’ai repris que quelques programmes qui sont présents dans nos écoles, mais beaucoup d’autres programmes sont recensés.

Ce qui a un impact légèrement positif :

L’utilisation de calculatrices en classe (0,25)
Les programmes de musique (0,33)

Ce qui a un impact positif :

Les programmes de laboratoires scientifiques (0,42)
Les programmes scientifiques (0,50)

Ce qui a un grand impact positif :

Les programmes créatifs (0,51)
Les programmes artistiques (0,55)
L’enseignement guidé des maths (0,59) : l'enseignement des mathématiques selon une approche plus directe/explicite.
L’enseignement du vocabulaire (0,62)
L’enseignement de compétences spécifiques en maths (0,73), telles que les fractions, le calcul, les compétences numériques, la maîtrise des faits de base, les stratégies algébriques.
L’enseignement des langues étrangères (0,85)
Les programmes STEM (0,94), donc qui enseignent les Sciences, Technologies, Ingénierie et Mathématiques
La modification des préconceptions des élèves en sciences (0,94) : rechercher les idées préconçues des élèves sur un sujet précis et utiliser ensuite diverses techniques afin de les modifier
La résolution de problèmes mathématiques (0,98) : c’est ce qui a le plus d’influence sur les apprentissages des élèves dans cette catégorie.

Ces trois dernières propositions ont une valeur d’effet très élevée (entre 0,94 et 0,98), et je ne m’attendais pas à trouver autant de matières scientifiques sur les plus hautes marches du podium ! Il y a d’autres enseignements très positifs que je n’ai pas listés ici, mais qui ont un effet inférieur aux trois derniers que j’ai cités ici. Certains sont liés à la lecture ou à d’autres concepts langagiers que je ne maîtrise pas et dont je ne parlerai donc pas ici, puisque cela ne concerne pas les cours de sciences.

Passons maintenant aux stratégies d’enseignement choisies par les professeurs. C’est donc ici que nous avons réellement le plus de pouvoir.

Les stratégies d’enseignement

Ce qui est génial, c’est que toutes les stratégies d’enseignement tendent à favoriser l’apprentissage. Il faut donc s’intéresser aux stratégies qui favorisent le plus possible l’apprentissage.

La pire méthode et la seule qui a réellement des effets négatifs, c’est l’utilisation de cours magistraux où l'enseignement présente directement le contenu et s'exprime sans interruption devant un public passif. On peut se représenter nos cours à l’université, lorsqu’il y a plusieurs centaines d’étudiants dans un auditoire, et qu’on ne peut poser aucune question. Heureusement, je pense que personne ne va se sentir concerné par cette méthode.

Les méthodes qui ont un léger impact positif :

l’utilisation de l’humour (0,04)
l’utilisation d’une musique de fond (0,08)
le co-enseignement (0,21) : je t’avoue que je suis assez surprise de trouver le co-enseignement aussi bas dans la liste, vu comme on nous l’a vendu comme une super solution pour améliorer les apprentissages. En plus, je suis en plein test d’un co-enseignement maths-sciences avec un collègue cette année, donc cette modalité m’intéresse particulièrement en ce moment.
l’apprentissage par la découverte (0,27) : j’en ai déjà parlé longuement dans les épisodes précédents.
les devoirs (0,29) : il conviendra cependant de faire une différence en fonction de l’âge de élèves, car il s’agit ici d’une moyenne. Les devoirs sont très peu efficaces en primaire et deviennent de plus en plus efficaces lorsque les élèves s’approchent de la fin de leurs études secondaires. On en reparlera probablement dans un prochain épisode.

Les méthodes qui ont un impact positif :

l’utilisation de l’évaluation formative (0,40)
l’évaluation par les pairs (0,41)
le feedback donné suite aux évaluations (0,41)
l’apprentissage par problèmes (0,45)
l’évaluation fréquente (0,45)
l’utilisation d’exemples résolus en détails (0,47)
l’évaluation de la qualité de l’enseignement par les élèves (0,47)
l’enseignant qui questionne les élèves durant le cours (0,49)
l’utilisation de simulations (0,53) ou de vidéos interactives (0,54)
l’apprentissage coopératif (0,53)
l’apprentissage par investigation (0,53)
la communication en dehors de la classe (0,54) : conversations enseignant-élève en dehors de la salle de classe, par exemple pendant la récréation ou dans les couloirs
l’enseignement inductif (0,60) : une technique d'enseignement qui encourage les élèves à raisonner à partir de l'observation.
l’enseignement explicite (0,63) : j’en ai déjà parlé également dans l’épisode précédent, mais ce n’est donc pas du tout la seule méthode valable pour améliorer l’apprentissage des élèves.
les méthodes d’évaluation alternatives (0,67) : les présentations orales, le suivi des progrès, les portfolios, etc.

Les méthodes qui ont un très grand impact positif :

l’utilisation de la technologie pour fournir un feedback (0,55)
l’enseignement direct (0,56) : l'enseignement direct fait référence à des approches pédagogiques structurées, séquencées et dirigées par les enseignants. Je ne suis pas experte, mais cela ressemble fort, de nouveau, à un enseignement plus explicite.
les classes inversées (0,56) : une technique pédagogique dans laquelle les activités traditionnelles en classe (telles que les cours magistraux) ont lieu à la maison ou avant le cours, souvent via des présentations vidéo ou audio préenregistrées, qui prépare les étudiants à une approche plus interactive, à la découverte, au questionnement et à l'engagement dans des activités d’apprentissage actif en classe.
l’utilisation de la robotique (0,58) : utilisation de la technologie robotique et de l'intelligence artificielle pour planifier, enseigner et évaluer l'apprentissage.
l’utilisation d’appareils mobiles (tablettes, liseuses, smartphones…) dans le processus d’apprentissage (0,59)
l’utilisation de critères de réussite (0,64) : les critères de réussite sont les normes selon lesquelles un projet sera évalué. Ils sont souvent brefs, co-construits avec les élèves, visent à rappeler aux élèves les aspects sur lesquels ils doivent se concentrer.
les discussions en classe (0,82) : cela implique bien plus qu'un enseignant posant une question à une classe, puis une autre, etc., mais implique que les élèves discutent entre eux, souvent à partir d'un ensemble de questions ouvertes.
l’utilisation d’un feedback rapide, au plus près de l’évaluation (0,89)
l’utilisation de TBI en classe (0,89)
l’enseignement constructiviste (0,92) : l'enseignement constructiviste implique de fournir aux étudiants un enseignement actif et centré sur l'apprenant, dans lequel les étudiants explorent des idées, des propositions, des explicationset des solutions.
l’utilisation d’un feedback sous forme d’indices permettant à l’élève de passer à l’étape suivante (1,01)
la méthode du puzzle ou “jigsaw” (1,20) : une approche coopérative de l'apprentissage. Suivant cette méthode, un enseignant présente un sujet principal et plusieurs sous-thèmes. Les élèves sont répartis en « groupes d'appartenance » et chaque membre du groupe d'origine se voit attribuer un sous-thème. Ensuite, les étudiants forment des groupes d’experts pour étudier le sous-thème qui leur est assigné par le biais de recherches et de discussions. Une fois que les élèves ont maîtrisé le sous-thème en question, ils retournent dans leur groupe d'appartenance pour rendre compte de leurs découvertes. À la fin de l'exercice, chaque membre du groupe d’appartenance a appris chaque sous-thème auprès d'un membre du groupe d'experts concerné ou grâce à sa propre enquête avec un groupe d'experts.

On voit donc qu’il y a énormément de méthodes qui favorisent l’apprentissage. Je n’ai par contre pas du tout regardé si certaines méthodes sont plus intéressantes dans certaines années, ou pour l’enseignement de certaines matières spécifiques. Pour cela, il faudrait regarder une analyse moins générale, qui se focalise sur l’apprentissage des sciences, par exemple.

Il reste une dernière catégorie à explorer : l’influence de l’enseignant lui-même.

L’enseignant

Ce qui est chouette, c’est qu’il n’y a que des effets positifs !

Ce qui a un impact légèrement positif :

le programme de formation initiale de l’enseignant (0,10)
la collaboration entre enseignants (0,38) : lorsque les enseignants collaborent à la planification et à l'évaluation des leçons et des résultats.
les qualifications des enseignants (0,39) : les formations, l’expérience et l’éducation de l’enseignant.
les programmes de développement professionnel (0,44) : les formations d'une demi-journée ou d’une journée complète au cours de l'année scolaire, par exemple.

Ce qui a un impact positif :

Attentes des enseignants (0,58) : Les attentes des enseignants concernant les performances des élèves. Ces attentes peuvent être exactes ou être influencées par des préjugés (origine sociale, sexe, culture), mais le plus souvent, les enseignants ont des attentes faibles, moyennes ou élevées à l’égard de tous leurs élèves.

Ce qui a un impact grandement positif :

Le fait de ne pas étiqueter les élèves (0,61)
La clarté de l'enseignant (0,85) : l'organisation, les explications, les exemples et la pratique guidée, ainsi que l'évaluation de l'apprentissage des élèves. Cela peut impliquer de communiquer clairement les intentions d’apprentissage des leçons et les critères de réussite, en décrivant les compétences, les connaissances, les attitudes et les valeurs que l’élève doit acquérir.
L’analyse vidéo de nos cours (1,01) : il s’agit de dispenser une courte leçon et de la filmer pour ensuite l’analyser par l'enseignant lui-même, ou par d'autres enseignants ou dirigeants à des fins d'amélioration. J’ai l’impression qu’on déteste tous faire ça, et qu’on a dû y passer lors de nos études (enfin, moi je suis passée par là en tout cas), et je suis très surprise de voir à quel point cette technique a un effet important sur l’apprentissage des élèves ! La valeur de l’effet de de 1,01, c’est donc un des effets les plus grands de la méta-analyse.
La crédibilité des enseignants (1,09) : les élèves considèrent leur enseignant comme une autorité crédible, que ce soit en termes de compétence, de fiabilité ou d'attention donnée à l’élève. L’élève va se demander si l’enseignant est quelqu'un vers qui il peut se tourner pour obtenir de l'aide, du feed-back ou des connaissances. Il va décider en fonction de la crédibilité qu’il accorde à l’enseignant si ça “vaut le coup” d’investir son temps dans les tâches que l’enseignant lui propose pour son apprentissage.
L’estimation des connaissances des élèves par les enseignants (1,29) : grâce aux observations de l’enseignant, à des questions posées aux élèves, aux résultats lors de travaux ou d’évaluations, l’enseignant peut situer les connaissances des élèves par rapport à la matière enseignée. Il peut alors adapter son cours en se basant sur le niveau de connaissances de sa classe.
L’efficacité collective des enseignants (1,34) : la conviction partagée par un groupe d'enseignants dans un environnement éducatif particulier qu'ils possèdent les compétences nécessaires pour avoir un impact positif sur les résultats des élèves.

Je termine cette liste avec l’effet le plus important repris dans cette méta-analyse, et je trouve ça très beau de voir que c’est un effet collectif de toute une équipe enseignante qui a le plus d’influence sur l’apprentissage des élèves.

Voilà donc plein d’idées sur lesquelles tu peux te baser pour améliorer l’apprentissage des élèves. Il y en a tellement qu’il est impossible de toutes les mettre en place personnellement.

Je t’invite donc à te poser quelques minutes, quand tu auras le temps, et à reprendre cet épisode depuis le début pour noter les quelques idées qui te semblent les plus pertinentes pour toi, dans ta situation spécifique. Essaie alors de voir comment tu peux améliorer ton enseignement pour que cela soit bénéfique pour l’apprentissage de tes élèves, en appuyant sur quelques méthodes que tu peux mettre en place dès demain.

Et comme l’apprentissage est le meilleur lorsque tous les enseignants s’y mettent ensemble, n’hésite pas à envoyer cet article à un collègue !

Une petite parenthèse quand même, pour ne pas culpabiliser si tu ne te retrouves pas dans toutes ces pratiques : ce n’est pas parce que tu ne mets pas tout ça en place que tu n’es pas un bon enseignant, loin de là. Comme à peu près tout ce qu’un prof peut mettre en place dans sa classe favorise l’apprentissage, dès que tu es présent devant tes élèves, ils apprennent mieux que si tu n’étais pas là. Donc, quoi que tu fasses, c’est déjà positif !

Quand je lis cette liste, je ne fais pas moi-même la majorité de tout ça. Et à mon avis, on est pratiquement tous dans ce cas. L’idée derrière cette étude, et cet épisode, c’est de prendre conscience de ce qui fonctionne le mieux. Comme ça, si on veut mettre en place quelque chose de nouveau dans nos classes, on sait qu’il sera plus pertinent pour l’apprentissage de nos élèves de se concentrer sur une méthode qui a un grand impact positif, plutôt que de s’investir dans une méthode qui a un impact moindre. Il s’agit donc surtout de pouvoir faire un choix éclairé si on veut se tourner vers une nouvelle méthode ou si on veut s’améliorer sur un point particulier.

Avant de partir, je vais te citer à nouveau ce qui a le plus d’impact sur l’apprentissage, pour que tu gardes bien ça en tête :

Au sein de la classe, il est important de diminuer les comportements perturbateurs, le harcèlement, l’intimidation et la présence de smartphones (sans utilisation pédagogique). Il est important que l’élève se sente apprécié.
La prise en compte des préconceptions des élèves en sciences et l’enseignement de la résolution de problèmes mathématiques sont à prioriser en termes de contenu d’enseignement.
La meilleure méthode d’enseignement semble être la technique du “puzzle”.
L’utilisation d’un feedback rapide, au plus près de l’évaluation et qui donne des indices sur la suite des opérations est une pratique fondamentale, qui peut être facilitée par le numérique.
Prendre en compte ce que les élèves savent et ne savent pas, être clair et crédible face aux élèves sont les meilleures attitudes à adopter en classe.
Et enfin, la conviction partagée par un groupe d'enseignants dans un environnement éducatif particulier qu'ils possèdent les compétences nécessaires pour avoir un impact positif sur les résultats des élèves, c’est ce qui a le plus d’impact, tous critères confondus.